Cet article est tiré du volume 003 de l’édition papier d’Infuse magazine « Se reconnecter et adapter sa parentalité », que vous pouvez vous procurer sur notre boutique en ligne.

Développer une relation saine avec son corps débute dès la petite enfance. En fait, cette relation commence même avec la grossesse. En tant que parents, nous sommes des modèles très importants en ce qui a trait au développement de la relation que développera notre enfant avec son corps. De plus, la relation qu’il développera avec son corps aura une très grande influence sur la relation qu’il aura avec la nourriture.
Comment être un modèle adéquat? Quels comportements et attitudes sont à favoriser? Y a-t-il des interventions qui pourraient être néfastes? Comment ne pas transmettre mes propres enjeux corporels à mon enfant? Ces questions très fréquentes le démontrent : chez les parents, ou nouveaux parents, cette relation corporelle peut être source d’anxiété.
Notre corps nous parle. Tous les jours, plusieurs fois par jour. Ses messages sont aussi complexes que nombreux et passent par la faim, la fatigue, les maux divers, et toutes les informations associées aux émotions. Toutefois, chez le jeune enfant, la capacité à identifier et à comprendre tous ses messages corporels n’est pas aussi développée que chez l’adulte. C’est la raison pour laquelle l’enfant a besoin du parent pour l’aider, l’encadrer, le soutenir et surtout, l’aimer inconditionnellement.
Deux règles importantes
Pour soutenir le parent dans ses interventions, deux règles importantes doivent être proposées dans la maison. Il est très important que ces règles, 1) puissent être discutées avec les différents membres de la famille (tous les parents, la fratrie, les grands-parents, etc.), et 2) puissent être constantes (par exemple, on doit pouvoir les retrouver aussi chez grand-maman) et appliquées à tous (pas seulement à un individu). Ces règles deviennent alors des références, ce qui amènera éventuellement l’enfant à les internaliser. Les voici :
- Notre corps nous parle : il est important de l’écouter.
- Tous les corps sont différents et beaux : vive la diversité corporelle!
Image corporelle du parent
Être un modèle positif et adéquat, c’est d’abord et avant tout agir soi-même comme on voudrait que l’enfant agisse. L’image corporelle du parent est donc très importante. Prenez quelques minutes pour réfléchir à votre rapport corporel, à vos sources d’anxiété corporelle, et identifiez quels comportements pourraient être modifiés.
- Transmettez-vous le respect de tous les corps, incluant le vôtre?
- Favorisez-vous l’acceptation de la diversité corporelle?
- Vos armoires et votre frigo offrent-ils tous les aliments dont le corps a besoin?
- Acceptez-vous tous les aliments en leur donnant la place qui leur revient?
- Montrez-vous l’exemple en mangeant trois repas par jour ainsi que des collations?
- Encouragez-vous et pratiquez-vous une activité physique que vous aimez régulièrement?
- Identifiez-vous vos besoins corporels et êtes-vous en mesure de leur répondre adéquatement?
L’apprentissage par modelage chez l’enfant
Quand le parent ressent un besoin corporel, il est important qu’il puisse nommer ce dernier, tout comme ce qu’il décide de faire pour y répondre. Ainsi, il respecte son rôle de modèle auprès de l’enfant et permet à ce dernier d’apprendre par modelage. Voici quelques exemples :
- « Ouf! Je n’ai plus faim, j’arrête de manger. »
- « Hum! J’ai très faim, mon ventre gargouille beaucoup, je vais manger. »
- « Je suis fatiguée, je vais aller me reposer. »
- « J’ai mal au dos, je vais m’asseoir un moment. »
- « Je suis triste présentement, je vais être douce avec moi-même. »
- « Je n’aime pas vraiment le contenu de mon assiette. Je vais me permettre de goûter, puis je ne vais pas me forcer à manger le reste. »
Il est très important que le parent puisse enseigner à l’enfant qu’il est son propre maître. Lui seul sait ce que lui dit son corps et personne ne peut prétendre le contraire. On favorise alors les questions suivantes :
- « Que te dit ton corps en ce moment? »
- « Quels sont les signes que ton corps t’envoie? »
Ces interventions visent deux buts : 1) accompagner son enfant dans l’identification de ses signaux corporels, 2) ainsi que dans leur réponse adéquate. Il peut arriver que certains signaux soient plus complexes à saisir. D’ailleurs, il arrive régulièrement qu’un parent exprime qu’il lui est difficile d’identifier sa faim ou encore sa satiété. Dans ces moments, il est important de se donner du temps et de la pratique.
Il faut s’attendre à ce que l’enfant vienne vers le parent pour être rassuré. Les questions suivantes sont donc très fréquentes :
- « Ai-je assez mangé? »
- « Suis-je belle si je porte ma robe? »
À ce moment, le parent se doit d’être constant dans ses réponses en se basant sur les règles de la maison :
- « Ai-je assez mangé? » Seul toi le sais. Que te dit ton corps en ce moment?
« Suis-je belle si je porte ma robe? » Est-ce que toi, tu as envie de porter ta robe? Es-tu confortable dans cette robe?
Quels comportements ou attitudes sont à éviter
Le parent qui manifeste des comportements et des attitudes liés à une image corporelle négative a plus de risques de transmettre à son enfant une insatisfaction corporelle. Entre autres, émettre des commentaires critiques envers son corps, se peser ou être au régime sont des comportements qui sont à éviter comme ils envoient le message que le corps peut et doit être contrôlé, ce qui contredit nos règles de base (notre corps nous parle et la diversité corporelle). Voici d’autres comportements à éviter :
- Forcer l’enfant à terminer son assiette
- Utiliser l’alimentation comme récompense ou punition
- Émettre des commentaires sur le poids ou le corps de notre enfant ou des autres
- Émettre des liens entre l’alimentation et le poids
- Peser l’enfant
En terminant, rappelez-vous l’importance de votre amour inconditionnel. L’estime de soi est un facteur de protection très important quant à la relation au corps. Chaque fois que vous renforcez l’estime de votre enfant, vous travaillez du même coup sa relation à son corps. Même si les règles discutées dans ce texte visent directement la relation au corps et à la nourriture, sachez qu’elles permettront aussi d’établir des bases saines quant au respect du corps et du consentement ainsi qu’à la gestion des émotions. Tout le monde y gagne!
« Mon enfant, ton corps t’appartient. Je serai toujours là pour te rappeler de l’écouter. Et je te promets de te faire confiance quand tu me diras ce que ton corps te dit. Ton corps te parle, à toi. Moi, je t’écoute, toi. »
Quelques idées de lecture pour vous accompagner :
Lou aime le dessert, promouvoir une relation saine avec la nourriture chez les enfants, par Marie-Michèle Ricard, publié aux Éditions Midi Trente.
Olivier veut devenir une supermachine, promouvoir une relation saine avec le corps chez les enfants, par Marie-Michèle Ricard, publié aux Éditions Midi Trente.
Emma n’aime pas les moqueries, prévenir la stigmatisation liée à l’apparence chez les enfants, par Marie-Michèle Ricard, publié aux Éditions Midi Trente.
De l’insatisfaction à l’acceptation corporelle, développer une relation plus positive avec son corps, par Marie-Michèle Ricard, publié aux Éditions JFD.
L’alimentation des enfants dans une approche bienveillante et positive; 18 mois à 5 ans, Cosette Gergès, autoédition.
Le joli bedon rond de Marion, Renee Wilkin et Annie Boulanger, publié aux Éditions Boomerang.