L’une des beautés de l’humain est sans contredit notre capacité à vivre une large gamme d’émotions. C’est ce qui rend la vie aussi colorée, mais aussi parfois difficile. Nous recherchons des émotions comme la joie ou la fierté, alors que nous tentons d’éviter des émotions comme la honte ou la colère. Nous apposons des étiquettes à nos émotions : la joie est positive, tandis que la honte est négative.
Pourtant, aucune émotion n’est bonne ou mauvaise en soi; elle ne se présente à nous que pour nous faire comprendre un message bien clair par rapport à ce que l’on vit et ce que l’on ressent en temps réel. Si l’on possède la capacité de capter l’information véhiculée par l’émotion qui nous habite, nous pouvons adapter notre comportement ou nos paroles en conséquence afin de rétablir l’équilibre.
Les émotions, des véhicules d’informations
Par exemple, si vous marchez sur la rue et qu’un automobiliste passe à deux doigts de vous frapper parce qu’il grille un feu rouge, après la peur initiale qui vous envahit à la vue de la voiture, il y a de fortes chances pour que vous soyez en colère. Le message derrière la colère est qu’une personne a dépassé une limite physique ou émotive et que vous devez rétablir cette limite afin de vous protéger. Ainsi, la façon saine de gérer votre colère en temps réel est d’indiquer au conducteur (idéalement de façon respectueuse) qu’il vient de commettre un geste dangereux que vous n’approuvez pas. De son côté, il y a fort à parier qu’il vivra de la culpabilité. Le message derrière cette émotion qui sert de régulateur social est que la personne a commis un acte discutable. Afin de lui-même accueillir l’émotion ainsi que le message qu’elle porte, le conducteur devra reconnaître son erreur et vous offrir ses sincères excuses. De votre côté, votre limite qu’est la protection de votre intégrité physique sera rétablie et vous pourrez laisser aller la colère pour poursuivre votre chemin. Si vous vous accrochez à la colère, vous vivrez dans le passé, ce qui sera complètement inutile.
Lors d’une séance d’apprentissage facilité par les chevaux, c’est précisément le message derrière l’émotion que les chevaux nous aident à comprendre. Du côté du facilitateur qui guide la séance, les travaux de l’auteure Linda Kohanov sur le sujet servent de pierre angulaire à l’interprétation des émotions. Quant aux chevaux, ils arrivent à agir comme un miroir de nos émotions grâce à plusieurs qualités incroyables qu’ils possèdent.
Tout d’abord, les chevaux ont la capacité extraordinaire de vivre entièrement dans le moment présent. Ainsi, lorsqu’ils vivent une émotion, ils ne s’y accrochent pas. Dès que l’émotion monte en eux, ils captent l’information qu’elle porte, agissent en conséquence puis la laissent aller et retournent à leur état habituel. Pas d’étiquette, pas de jugement par rapport à l’émotion, seulement un ajustement pour retourner à l’équilibre. Contrairement à nous, humains, qui vivons trop souvent dans notre tête et qui s’accrochons ainsi aux émotions, eux vivent dans le ressenti.
Une autre grande qualité des chevaux est que ceux-ci sont de véritables machines à rétroaction pour les humains. En effet, étant un animal de proie, le cheval a développé, au fil du temps, une incroyable capacité à détecter les changements les plus subtils au niveau des champs électromagnétiques des êtres qui l’entourent.
Une façon simple d’expliquer ce que sont les champs électromagnétiques est de les percevoir comme la façon dont nous échangeons une foule d’informations via l’énergie qui émane de divers centres énergétiques de notre corps, incluant le cerveau, mais de façon, encore plus importante, de notre cœur et de notre intestin (1). Vous savez comment vous entrez parfois dans une pièce et vous vous sentez immédiatement mal à l’aise, vous avez l’impression que l’énergie y est lourde? Ou comment vous ne pouvez expliquer pourquoi, après avoir côtoyé une certaine personne de votre entourage, vous vous sentez systématiquement drainé ou énergisé? C’est à cause des champs électromagnétiques!
Ainsi, si un cheval broute tranquillement de l’herbe dans un pâturage et qu’un membre de son troupeau ou un humain à proximité se crispe, car il vit un stress soudain, le cheval le sentira, car il capte entre autres les changements de tension artérielle et de pouls grâce à cette fameuse communication au niveau des champs électromagnétiques. En réponse à ce changement, la peur qu’il vit l’amènera à se braquer et à examiner son environnement pour s’assurer qu’aucun danger réel n’est présent. Si son compagnon de troupeau ou l’humain ayant initié cette réaction se détend, il se détendra à son tour.
Lors d’une séance en apprentissage facilité par les chevaux, c’est précisément cette magnifique capacité du cheval que nous utilisons afin de comprendre nos émotions, de les accueillir sans les juger, mais surtout, afin d’apprendre à savoir mieux les gérer au quotidien.
Fait vécu : l’expérience d’une cliente
Dernièrement, une cliente est venue vivre l’expérience de l’apprentissage facilité par les chevaux pour une première fois. Elle m’a, entres autres, expliqué qu’elle était une personne performante, qui s’efforçait de plaire à son entourage et de se montrer forte. Cela l’amenait souvent à prioriser les besoins des autres avant les siens. Je vois ce type de situation extrêmement souvent chez mes clients : combien d’entre nous s’oublient et ne sont pas à l’écoute de leur voix intérieure pour ne pas déplaire?
Après avoir discuté de sa situation, nous nous sommes dirigées vers le pâturage pour aller à la rencontre du troupeau. Avant de débuter l’exercice que j’avais ciblé (exercice que les chevaux ont clairement relayé aux oubliettes quelques minutes plus tard!), j’ai guidé la cliente dans un balayage corporel, une pratique où l’on se connecte aux sensations de notre corps afin de voir ce qu’on porte au moment même, ce que notre intuition nous dit quant à l’état dans lequel nous sommes.
Rapidement, j’ai compris que la jeune femme portait un trop plein d’émotions qu’elle ne se permettait pas d’exprimer. Lorsque je lui ai demandé si elle avait de la difficulté à se montrer vulnérable, j’ai vu les larmes lui monter aux yeux. Dès qu’elle a exprimé verbalement ce malaise, notre mâle dominant, le beau Légende, s’est dirigé tout près de nous avant de se laisser tomber au sol. Il s’est installé confortablement dans une position qui démontrait clairement qu’il avait l’intention de somnoler pour un moment.
Il faut savoir que pour l’animal de proie qu’est le cheval, la position la plus vulnérable est d’être étendu au sol. Après avoir exposé ce fait à ma cliente et l’avoir invitée à s’approcher de Légende, celle-ci s’est accordé la permission de laisser couler ses larmes. À ce moment, deux juments, Darly et Wakita, sont venues se joindre à Légende et se sont étendues tout près de nous. Je n’avais personnellement jamais vécu une telle situation dans le pâturage, autant pendant une séance que dans mon temps personnel avec les chevaux. C’est d’ailleurs la beauté de l’apprentissage facilité par les chevaux : connaissant notre troupeau, nous pouvons déchiffrer lorsque ce dernier pose un geste clair en réaction à l’émotion vécue par le client.
Le message derrière la vulnérabilité est qu’un aspect significatif pour nous s’apprête à être révélé ou à changer. On doit se demander quel comportement, quelle perception ou quelle croyance est remise en question, en quoi notre vie peut changer si on accepte ce changement. Pour ma cliente, le fait de ne pas être à l’écoute de son intuition et de ses besoins avait amené, au fil du temps, un tel inconfort, qu’elle avait désormais l’impression de faire face à un mur qu’elle ne pouvait plus ignorer. En vivant l’expérience avec les chevaux, elle a réalisé que de se connecter à son vrai soi, à ce dont elle avait réellement besoin et non ce qu’elle percevait qu’on attendait d’elle, était non seulement une avenue possible, mais nécessaire si elle voulait se départir de ce mal être.
Développer une certaine agilité émotionnelle est, pour nous humains, le travail d’une vie. Cependant, c’est une incroyable richesse qui peut nous permettre d’être pleinement nous-mêmes tout en vivant dans le présent au lieu du passé ou du futur, de nous exprimer et vivre à partir de notre ressenti au lieu de notre tête. Pour y arriver, quoi de mieux que de demander le soutien des messagers des émotions, les chevaux.
Pour en apprendre davantage sur l’apprentissage facilité par les chevaux, nous vous invitons à aller écouter l’épisode de podcast sur le sujet!
Note : Il est important de préciser que les séances d’apprentissage facilité par les chevaux sont entièrement confidentielles. Je remercie donc la cliente à laquelle je fais référence dans mon article d’avoir donné son autorisation afin que je partage certains éléments de sa séance.