
Lancer vite, croître vite, pivoter vite, innover vite.
L’obsession du « toujours plus et plus vite », cette course folle, infiltre chaque recoin de nos vies, influençant jusqu’à notre manière d’entreprendre au quotidien, dans nos communautés et au sein de nos entreprises.
Mais à quel prix ?
Sommes-nous en train de sacrifier l’essence même de l’acte d’entreprendre : cette création de valeur durable et ces liens humains significatifs au profit de la vitesse, de performance et de la compétition?
Quand la productivité épuise
Notre culture entrepreneuriale s’essouffle et nous épuise.
En glorifiant le mouvement perpétuel, elle engendre des conséquences lourdes : des humains à bout de souffle, des écosystèmes fragilisés et des stratégies vides de sens. Pire encore, elle nous prive du temps nécessaire pour nourrir une réflexion profonde et construire des projets alignés sur des valeurs renouvelées, capables de répondre aux défis du monde.
À quoi renonçons-nous dans cette course effrénée ?
Le risque de perdre le sens
À force de courir sans relâche, sans prendre le temps d’admirer le paysage, nous risquons d’oublier pourquoi nous avons entrepris. La vision, le rêve, la volonté de transformer les choses… tout se dilue, devient flou, quand tout va trop vite.
Et ce vide de sens s’étend au-delà de nous-mêmes et contamine nos interactions avec les autres. Parce que la vitesse ne fait jamais bon ménage avec les relations humaines. Les liens humains, tout comme les projets durables, demandent du temps.
Ralentir pour mieux avancer
Face à cette dynamique déroutante, certains appellent au ralentissement.
Mais ralentir ne veut pas dire renoncer à l’ambition ou à la performance. C’est, au contraire, créer un espace pour la réflexion, l’écoute, et la co-construction.
C’est replacer la qualité au-dessus de la quantité, la profondeur au-dessus de la rapidité. Ralentir, c’est aussi ouvrir la voie à une vision systémique, capable d’anticiper les enjeux à long terme plutôt que de simplement répondre aux attentes immédiates.
Réinventer l’entrepreneuriat
Et si nous repensions les indicateurs de succès ?
Et si on réapprenait à entreprendre?
Plutôt que de mesurer la vitesse de croissance ou le rendement à court terme, pourquoi ne pas valoriser des critères comme l’impact social, la santé globale, la durabilité écologique, ou encore la qualité des relations humaines au sein des organisations ?
Réinventer l’entrepreneuriat ne signifie pas rejeter la performance ou l’innovation, mais les intégrer dans un cadre plus large, où les rythmes humains et naturels sont respectés.
Cela demande du courage : celui de résister aux normes dominantes, de proposer des modèles plus justes, alignés sur des valeurs profondes, et de prendre le risque d’aller à contre-courant.
Parce qu’entreprendre autrement, c’est aussi choisir, de faire société autrement, de rebâtir un monde en commun