Quand je dis syndrome de l’imposteur, qui se reconnaît? Plusieurs d’entre vous ont envie de dire « OUI » haut et fort, mais n’ose pas… pour la simple et bonne raison que c’est malheureusement un sentiment honteux que de se sentir imposteur, même si c’est ô combien répandu!
En effet, plusieurs de mes clients ressentent ce syndrome. Identifié en 1978 par Clance & Imes, le syndrome de l’imposteur se caractérise par un bon niveau de réussite, en parallèle à des signes extérieurs et à des objectifs de succès qui ne sont pas intégrés par l’individu. Par exemple, on peut être à jour dans ce qu’on nous demande de faire, attirer l’attention grâce à de bons résultats, obtenir une promotion ET toujours ne pas ressentir qu’on est assez.
Les personnes qui vivent le syndrome de l’imposteur font généralement bonne impression auprès de leur entourage, ce sont des personnes habiles! Mais attention, ce n’est pas du tout le sentiment vécu par l’individu. Au contraire, il y a un doute de soi constant, avec de l’anxiété en trame de fond.
Comment ça s’exprime?
• Tout d’abord, par un fort sentiment d’inauthenticité, l’impression de ne pas présenter son véritable soi aux autres. Les pensées et les actions sont estimées frauduleuses de la part de l’individu;
• Une autodépréciation/une autocritique constante;
• Des standards d’évaluations élevés;
• Une externalisation des éléments positifs ou des réussites. On se dit : « si j’ai réussi mon mandat, c’est surement dû à la chance ou grâce à mon collègue ou à l’équipe »;
• La peur de voir son incompétence mise à jour et la peur de compromettre les autres au travers de son imposture. Ainsi, on se demande sans cesse si un jour on se rendra compte qu’on est juste « correcte » et on vit dans la crainte de nuire à nos patrons et à nos collègues en effectuant un travail qui n’est pas à la hauteur.
Pour approfondir la réflexion, prenons un moment pour détecter les trois sentiments qu’engendre le syndrome de l’imposteur :
- Une inquiétude quant à l’image projetée dans l’organisation.
Résultat : une tendance à rester « low profile » et ne pas revendiquer de mérite, parce que ça pourrait avoir l’air présomptueux ou que ça pourrait déranger les autres. - Un besoin de se prouver à soi-même et aux autres.
Résultat : une tendance à ne jamais dire non. On prendra plus de responsabilités pour se prouver qu’on est capable de réussir. - Un doute sur soi.
Résultat : un sentiment de doute constant, une hésitation ou même l’évitement de postuler à des postes qui comportent de plus grandes responsabilités, mais qui pourtant nous intéresse.
En fin de compte, c’est une question de perception!
La notion de perception de soi est centrale dans le syndrome de l’imposteur. Il y a une forte incohérence entre les sentiments vécus et le succès, les reconnaissances et les compliments, ce qui amène la personne avec le syndrome de l’imposteur à ne considérer que son ressenti.
Et c’est justement là qu’on a une opportunité de changement! En effet, comme il s’agit d’un sentiment subjectif, c’est là qu’on se joue des tours : « je le ressens donc c’est vrai. », « je me sens mauvaise donc je suis mauvaise. »., etc.
Évidemment, faire des efforts pour ne plus rien ressentir ne fonctionnera pas non plus. Il s’agit de s’exercer à être à l’écoute d’un peu plus d’éléments extérieurs factuels et objectifs pour une vue d’ensemble. Notre regard sur soi devient donc beaucoup plus nuancé.
Et d’où vient ce sentiment?
Il y aurait quatre points centraux qui peuvent influencer le développement du sentiment d’imposteur.
• Premièrement, une image de soi serait véhiculée par la famille, en contradiction de celle pouvant être inculpée par les pairs extérieurs (professeurs, enseignants). Cette contradiction peut s’observer au sein de la famille où les retours des figures parentales sont différents. Par exemple, si un parent te disait qu’il était si fier de toi pour ton travail et l’autre en revanche ne cessait de te dire que tu étais paresseuse. Ça amène une grande ambiguïté à comprendre, au fil des années, qui nous sommes réellement.
• Deuxièmement, la valorisation excessive de l’intelligence avant toute autre qualité amènerait l’enfant à considérer cette qualité comme indispensable à l’approbation, notamment si les succès sont atteints sans effort à fournir. La crainte de ne pas répondre aux standards de réussite peut favoriser l’émergence d’un sentiment d’imposteur. On doute de soi, on est inquiet, on ressent le besoin de se prouver…
• Troisièmement, les compétences de l’enfant peuvent paraître inhabituelles ou atypiques au sein de la famille. Elles seront, de ce fait, peu mises en valeur et non intégrées.
• Enfin, l’absence de renforcement quant à l’intelligence ou la réussite amène l’enfant à ne pas bien estimer ses compétences ou son intelligence. Ces messages, bien que souvent rencontrés dans le sentiment d’imposteur, n’ont néanmoins pas d’impact significatif sur tous les enfants.
Rendu à l’âge adulte, divers contextes favoriseront l’émergence et le maintien du sentiment d’imposteur. Nous pouvons penser, par exemple, aux étapes de grandes transitions de la vie ou à l’acquisition de nouveaux rôles. Le sentiment d’imposteur peut de plus se développer lors de succès prématurés, des compliments exagérés ou généraux, ou lors de fortes pressions de réussites, lorsque le milieu nécessite une importante compétition. Les nouvelles expériences, les succès inattendus ou les risques d’évaluation sont ainsi des périodes clés pouvant être sujettes à un stress important et à l’émergence du sentiment d’imposteur.
Mais comment on réussit à vaincre ce syndrome?
L’accompagnement d’un conseiller en orientation peut aider lors d’une étape de transition ou lors de l’intégration de nouveaux rôles! Cela permet d’intégrer une perception de soi plus ajustée à la réalité et surtout d’avancer vers ce qui est important pour soi, et ce, malgré les craintes et les angoisses ressenties.
Je sais que tu attends avec impatience la fin de l’article pour comprendre comment te débarrasser du syndrome de l’imposteur. La réalité, c’est qu’on n’élimine pas le syndrome, on change notre relation avec ce sentiment-là.
Mais si tu veux faire un premier pas en avant, pour les centaines de matins qui s’annoncent dans le futur de ta vie professionnelle, la première étape, c’est d’être à l’écoute quand ce sentiment fait surface. Observe, note. Prends conscience quand il se manifeste. Et surtout, n’essaie pas d’attendre qu’il disparaisse pour poser des actions importantes pour toi-même. Identifie l’imposteur et ensuite agis malgré sa présence, parce que le sentiment d’imposteur ne te définit pas, mais tes actions oui!