Cet article est tiré du volume 003 de l’édition papier d’Infuse magazine « Se reconnecter et adapter sa parentalité », que vous pouvez vous procurer sur notre boutique en ligne.
Quand on pense au yoga, on a tendance à imaginer le calme plat et le silence total. C’est pourquoi, quand on entend parler de yoga parent-enfant, on peut avoir de la difficulté à le croire et à se l’imaginer. Il faut bien évidemment transformer notre vision de la pratique, l’élargir. Les parents sont souvent surpris de voir leurs enfants plonger avec aisance dans l’exploration de cette pratique ancestrale. Simplement être ensemble dans l’instant présent : voilà ce qu’est réellement le yoga en famille. Avec du bruit, du silence, des rires, du sérieux, des moments d’agitation et des moments pour se recentrer. Bref, dans l’équilibre que nos enfants savent si bien nous apporter!
Je vous invite à prendre un moment pour vous replonger dans l’enfance : l’ouverture, la curiosité, l’émerveillement face à la nouveauté, l’imagination sans limites, la facilité à baigner dans l’état de pleine conscience. Le yoga est une pratique qui répond tellement bien aux enfants! J’aime souvent m’imaginer le monde dans lequel nous graviterions si on nous avait tous enseigné dès l’enfance à méditer, à respirer, à être en pleine conscience, à connecter avec soi et avec l’autre. Offrir les précieux outils du yoga à nos enfants est un cadeau qui dure toute une vie!
Postures parent-enfant coups de cœur
- Le cocon (prière de l’enfant)
Cette posture, à elle seule, a le pouvoir de calmer rapidement le rythme de la respiration, des battements cardiaques et des pensées. Ajoutée à l’effet de la chaleur du parent, cette posture permet à l’enfant de retrouver un grand apaisement et un sentiment de sécurité.
- Assois-toi sur tes talons. Imagine qu’il y a de la colle sous tes pieds; on veut maintenir les fessiers en contact avec les pieds tout le long de la posture. Pose ton front au sol en laissant tes bras se poser là où ils sont bien. Imagine tes pensées qui s’égouttent une à une à la terre, trouve une tête plus silencieuse. Laisse ton cœur fondre vers le sol, relâcher le trop-plein.
- Le parent se place dans la même posture, mais les genoux plus larges, de façon à encadrer l’enfant. Il se dépose sur le dos du petit et relâche une partie de son poids comme pour le couver. On peut en profiter pour caresser ou bécoter la tête, le cou, etc.
2. Le pendule (pince et poisson)
Ici, on jumelle une posture introspective étirant l’arrière du corps à une posture d’ouverture de cœur. Le tout en se connectant au support du parent.
- Assois-toi dos à moi, accote ton dos sur le mien et garde tes jambes longues devant toi. Quand je me penche vers l’avant, tu te penches vers l’arrière, et vice-versa.
- À tour de rôle, le parent et l’enfant se penchent vers l’avant de façon à rapprocher l’abdomen des cuisses, ce qui entraîne l’autre dans une extension arrière. On veut encourager l’enfant à relâcher son poids sur nous avec confiance. Pour les plus vieux, on peut commencer à donner comme défi d’essayer de maintenir l’arrière des genoux au sol, c’est-à-dire les jambes longues.
3. La singerie (inversion)
Cette inversion invite une belle élongation de toute la colonne vertébrale, une ouverture des épaules et beaucoup de fous rires! On y travaille encore une fois le lien de confiance ainsi que le lâcher-prise.
- Place-toi face à moi, je vais te soulever pour te prendre dans mes bras. Serre ma taille avec tes jambes. Je te tiens et je t’accompagne. Tu peux tranquillement te laisser tomber vers l’arrière. Laisse ta tête lourde et tes bras pendre. Je vais te bercer ici un peu. Pour remonter, je vais placer mon bras dans ton dos et ma main derrière ta tête. Attends-moi!
- L’adulte doit séparer les pieds largement et fléchir les genoux pour avoir une posture adéquate. Un avant-bras reste sous l’assise de l’enfant une fois dans nos bras, alors que l’autre se trouve en biais dans le dos du petit. La main du bras dans le dos vient supporter la tête. Une fois l’enfant suspendu vers le bas, les deux bras peuvent venir tenir le bassin. Pour remonter, on replace les bras exactement comme pour la descente et on aide la tête à remonter en premier, le dos de l’enfant arrondi.
4. Les vagues (respiration abdominale)
Les bercements de notre respiration ont quelque chose d’infiniment apaisant qui rappelle la vie in utero. Ici, on travaille la conscience du souffle et la connexion dans le calme. Il peut être intéressant d’intégrer des sons à l’expiration, tels que : s, ch, m, o, a, om. Il est possible que ça se transforme en yoga du rire, ce qui est aussi une belle occasion!
- Assois-toi ou couche-toi sur moi de façon à ce que nos cœurs soient près l’un de l’autre, ton dos contre mon ventre ou ventre à ventre. Sens ma respiration créer des vagues qui te bercent. Essaie d’accorder ton souffle au mien.
Explorer le yoga avec des enfants, c’est aussi :
- Les inviter à observer leur respiration, le trajet du souffle dans le corps, les mouvements qu’il engendre, les sensations.
- Guider un balayage corporel pour se rapprocher de l’état de pleine conscience. Imagine que tu bois une potion magique bleue. Tranquillement, elle descend dans tes orteils, qui deviennent bleus, puis c’est au tour de tes pieds, tes jambes, et ainsi de suite.
- Les accompagner dans le choix d’un mantra (un mot ou une phrase que l’on se répète mentalement) adapté à leurs besoins et apaisant. Exemples : J’ai en moi tout ce qu’il faut pour réussir. Je retrouverai mes parents ce soir. Je m’aime comme je suis.
- Leur faire découvrir des techniques d’automassage. Avec le bout de tes doigts, fais tomber des gouttes de pluie sur ta tête, ton front, de chaque côté de tes yeux, et ainsi de suite.
- Les encourager à utiliser le palming (réchauffer les paumes des mains en les frottant ensemble et les déposer sur le corps) sur les yeux et les oreilles lorsqu’il y a beaucoup de stimulations ou lorsqu’ils ont effectué une tâche soutenue demandant un bon niveau de concentration.
- Leur proposer de bouger de manière intuitive, de faire le silence dans leur tête pour être à l’écoute de leur corps.
Les enfants qui gravitent autour de nous sont la plupart du temps surstimulés, étourdis par le tourbillon d’instantanéité dans lequel on baigne tous. L’anxiété est rendue chose courante et elle se manifeste de plus en plus jeune. Le yoga pour enfants ne fait pas de miracles, mais il sème assurément de précieuses graines qui deviendront rapidement des racines solides.
Amusez-vous! Ça fera du bien à tout le monde.