Cet article de Sofia Benyahia, fondatrice de Meetual, est tiré du volume 002 de l’édition papier d’Infuse magazine « Se connaître et apprendre à s’aimer tel que l’on est », que vous pouvez vous procurer sur notre boutique en ligne.

L’estime de soi et la confiance en soi sont souvent confondues et les idées reçues sur le sujet foisonnent. Pourtant, avoir une vision claire de chacune de ces deux notions est crucial, car l’une et l’autre garantissent une relation consciente et saine avec soi-même.
Quelqu’un qui comprend bien de quoi sont faites la confiance en soi et l’estime de soi en tire forcément un profit substantiel dans sa vie. Il n’est donc jamais trop tard pour braquer le viseur dans cette direction.
Autre bonne nouvelle : si la connaissance éclaire le chemin, la discipline le fleurit! Développer sa confiance en soi et son estime de soi s’avère beaucoup plus simple quand on sait sur quoi porter attention et quand on connaît la façon de transformer des réflexes nocifs – mais inoffensifs en apparence – en starting-blocks vers de nouvelles habitudes plus hygiéniques pour notre équilibre et notre santé mentale au quotidien.
Qu’est-ce que l’estime de soi?
L’estime de soi, c’est la valeur que l’on s’accorde. Chaque personne a plus ou moins une idée, une image qu’elle se fait d’elle-même. Une bonne opinion de soi-même équivaut à une bonne estime de soi-même.
Cette notion de valeur prend racine dans notre enfance et se développe tout au long de notre vie. Notre estime de nous-même prend naissance dans nos relations avec nos parents et se base sur les valeurs morales inculquées pendant notre enfance. Le degré de valeur que l’on s’accorde a été façonné par le regard de nos parents ou de leurs substituts et la façon dont ceux-ci nous ont valorisés (ou pas).
Grandir dans un environnement bienveillant ponctué d’encouragements favorise une estime de soi positive et saine. Dans le cas contraire, la négligence, l’absence répétée et une attention rare fragilisent cette base fondamentale de notre développement qu’est l’estime de soi.
Comment développer son estime de soi?
Une estime de soi en besoin d’attention se manifeste entre autres par :
- la difficulté à s’aimer;
- l’autodévalorisation (« je suis nul.le »);
- la difficulté à faire confiance aux autres;
- la peur du rejet;
- etc.
Nous passons tous par des moments difficiles qui nous empêchent de garder une estime de soi au top.
La première des choses à faire quand notre estime de soi a besoin d’un soin particulier est d’identifier nos valeurs. Qu’est-ce qui a du sens pour moi? Qu’est-ce qui me rend heureux ou joyeux? De quoi je ne veux pas me passer? Qu’est-ce qui me fait apprécier la personne que je suis?
« Les valeurs constituent un code sur la base duquel il est possible d’établir un système d’actions. […] Par exemple, si le schéma de sens d’une personne accorde une grande importance à l’aide envers autrui, il est alors relativement simple pour cette personne de déterminer des orientations ou des valeurs lui permettant d’affirmer “ce comportement est bon et celui-ci est mauvais”. »
Irvin Yalom, La thérapie existentielle
Ce passage par l’identification de nos valeurs est primordial, car il fera ressortir les valeurs non négociables et non respectées qui pourraient être à l’origine de notre propension à nous dévaloriser et de notre difficulté à nous aimer et à faire confiance aux autres.
Pour reprendre l’exemple d’Irvin Yalom, une personne pour qui aider autrui est essentiel pour son bien-être peut réaliser qu’il est temps d’ajouter ou de renforcer cette dimension dans sa vie. Ainsi, elle verra graduellement sa propre valeur s’accroître à ses yeux, ou simplement son plaisir d’être, ce qui ne manquera pas d’impacter positivement son estime personnelle. Une autre personne qui a besoin de spiritualité dans sa vie peut constater un manque de ce côté-là et s’investir dans de nouvelles lectures, de la méditation ou du yoga pour être mieux dans sa peau et s’apprécier davantage.
L’exercice de la reconnaissance de ses valeurs est important à faire et à refaire tout au long de notre vie, car nous évoluons. Si certaines valeurs restent immuables pour la plupart d’entre nous, comme la bienveillance ou l’honnêteté, d’autres peuvent s’ajouter quand nous faisons le choix de nous redéfinir ou de changer à certains moments de notre vie. L’ambition peut s’avérer importante lorsqu’on se sent plus prêt à prendre des risques professionnels, par exemple. On accordera alors plus d’importance à ce que nous voulons réaliser et à ce qui prend de la valeur à ce moment-ci de la vie pour nous. Plus nous agissons sur ce qui est en accord avec ce qui est important pour nous, plus nous aurons une meilleure estime de nous-même. Il est donc important d’apprendre à se connaître, notamment en établissant une liste personnelle de ses valeurs.
Remplacer systématiquement les phrases assassines
Une bonne estime de soi repose aussi sur le fait d’accepter de prendre des risques, de se tromper et d’admettre nos faiblesses sans penser que nous sommes « un.e raté.e ». Encore là, les réactions de notre entourage pendant notre enfance enracinent et laissent des marques positives ou négatives selon le milieu. Libre à nous d’apprendre à nous « reparenter » en nous arrêtant systématiquement quand nous parlons en mal de nous-même (seul.e ou en présence d’autres personnes).
« Je viens de me traiter de… »
« Je me parle comme maman quand elle n’était pas contente de moi. »
La discipline de juste prendre conscience qu’on se parle mal peut changer une vie. S’ensuit le besoin d’installer l’habitude tout aussi systématique de remplacer « le mauvais mot » par de la bienveillance envers nous-même.
Une hygiène d’autobienveillance se répercute généralement de façon très positive sur notre entourage et nos proches. Plus notre estime de soi se développe, plus nous aurons tendance à être contagieux autour de nous. Quelqu’un qui se discipline pour ne jamais se dévaloriser (même seul à la maison) acceptera difficilement d’entendre une autre personne le faire. C’est ainsi que nous développons ensemble une sorte d’écologie sociale favorable au bien-être et à l’évolution du plus grand nombre. Alors, n’hésitez pas à appliquer une discipline de fer contre les phrases assassines. Elles ne méritent pas mieux que de voir leur place dans notre mental rétrécir à vue d’œil!
Qu’est-ce que la confiance en soi?
Pour Jean Garneau, psychologue et auteur de l’ouvrage La Confiance en soi – Comment la bâtir au quotidien, la confiance en soi est « une évaluation réaliste et ponctuelle qu’on a les ressources nécessaires pour affronter une situation particulière ».
Ce n’est donc pas une évaluation permanente et elle peut changer selon les différentes circonstances. À la différence de l’estime de soi, qui est basée sur notre regard sur nous-même et aussi sur la relation que nous avons avec les autres, la confiance en soi se nourrit de l’action, c’est-à-dire qu’elle est liée à notre capacité à agir. La confiance en soi, c’est avoir confiance en sa capacité, ses compétences et son potentiel pour faire face à une situation.
Cette définition de la confiance en soi nous fait penser à la définition de la santé mentale proposée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) : « La santé mentale est un état de bien-être permettant à chacun de reconnaître ses propres capacités, de se réaliser, de surmonter les tensions normales de la vie, d’accomplir un travail productif et fructueux et de contribuer à la vie de sa communauté ».
Nous avons tous été capables dans nos vies de surmonter des tensions normales. Il s’agit de s’en souvenir pour se rassurer. Quand vient le temps de faire face à une musique discordante, on s’efforce de se rappeler que nous ne sommes pas nés aujourd’hui et qu’il nous est déjà arrivé de régler des situations plus ou moins similaires. Ensuite, on fait de notre mieux, le quatrième des célèbres accords toltèques. Gardons à l’esprit que notre mieux d’aujourd’hui n’est peut-être pas notre « meilleur mieux ». C’est correct. Un tout petit mieux est préférable à un gros « je ne suis pas capable ».
Comment développer la confiance en soi?
Quand nous avons des problèmes liés à la confiance en soi, nous avons tendance à nous dire des choses comme : « je n’y arriverai jamais », « c’est sûr que je vais échouer », etc. Nous avons même peur de tenter des choses par crainte d’échouer.
On ne peut pas développer notre confiance en soi sans actions. Il est important de vivre des expériences et d’agir. Ces actions aboutissent à une réussite ou à un échec et elles vont constituer nos expériences de vie.
La réussite renforce notre confiance en soi et nourrit la conviction que nous sommes bons dans un domaine. C’est important. L’échec porte en lui une autre sorte de conquête. Celle de l’effort investi pour accepter une part moins glamour de notre réalité.
Si la vie n’était faite que d’une série de succès, ça se saurait! Qui d’entre nous peut nommer une seule personne aujourd’hui, dans le passé proche ou lointain, qui n’a pas eu à faire face à une épreuve, quelle qu’elle soit? C’est impossible!
Pour développer sa confiance en soi, il est impératif de faire la paix avec cette réalité. La vie est comme ça. Elle nous envoie tantôt des fleurs et tantôt des pots. L’important est d’accepter, avec le temps et l’expérience, qu’un pot avec des morceaux recollés a son charme. Au Japon, la pratique du kintsugi est un art, l’art de redorer les pots cassés. La symbolique ici est évidente. En travaillant avec des morceaux brisés, la chance de voir émerger une nouvelle esthétique est réelle. Cette imperfection est acceptée, car nous avons pris le temps de nous y consacrer. Sa valeur profonde est de nous avoir fait oublier la forme initiale. Nous forgeons de nos propres mains notre réalité, imparfaite peut-être, mais acceptée comme telle et tout à fait belle à voir de l’extérieur comme de l’intérieur.
C’est ce que la vie attend de nous. Une certaine habileté à transformer nos échecs en petites pépites de confiance en soi. Elles n’auront peut-être pas la forme parfaite d’un bijou d’orfèvre professionnel, mais ce sont nos pépites à nous et elles nous rendent moins peureux du prochain échec.
Finalement, espérons qu’à la lumière de ces différentes notions et comparaisons, vous vous sentiez davantage outillés pour faire la différence entre la confiance en soi et l’estime de soi, mais surtout qu’il vous sera plus facile de continuer à vous questionner, vous permettre d’évoluer.