La résilience est un concept qui suscite l’intérêt et l’admiration. On l’emploie dans les sphères de la psychologie, du développement personnel et dans les organisations afin de mettre en lumière la force permettant d’affronter les tempêtes individuelles et collectives. En réalité, la résilience est souvent présentée de façon plus simpliste que ce qui en est vraiment. Je vous propose donc de plonger tout en nuance et peut-être en surprise dans cet univers fascinant, en explorant comment la résilience se définit ainsi qu’en déconstruisant certains mythes qui y sont associés.
Qu’est-ce que la résilience?
La résilience se définit souvent comme la capacité à rebondir face à l’adversité, pouvant donner une impression de quasi-instantanéité. Or, la résilience est un concept complexe et multidimensionnel qui ne peut être capturé en une seule image. Elle réfère grosso modo à un processus d’adaptation à des stresseurs de différentes intensités. Ce processus peut contribuer à renforcer des facteurs de protection et ainsi, mener à une adaptation florissante. Un peu mêlant, hein? Commençons par démystifier ce que la résilience n’est pas. Pour ce faire, analysons quelques exemples de mythes dont je suis témoin dans ma pratique.
Quelques mythes sur la résilience
Métaphore de la rivière
Afin d’intégrer certaines des visions alternatives, je vous propose une métaphore. Nous pourrions être tentés de voir la résilience comme une roche : solide, forte, résistante aux chocs qu’elle reçoit. À l’image de la roche, la résilience a souvent été associée à tort à l’invulnérabilité et à l’invincibilité. Or, un gros coup bien placé pourrait fendre la roche, malgré sa solidité apparente. Et si on considérait plutôt la résilience comme une rivière? Tantôt vigoureuse, tantôt douce, la rivière possède cette fluidité qui lui permet de s’adapter aux changements dans son environnement. La rivière vivra des détournements, pourra tarir par moment, mais sera en mesure de se renouveler. La résilience, c’est d’abord et avant tout approcher la vie avec ouverture, vulnérabilité et conscience de soi. De l’expérience difficile peut émerger une croissance si et seulement si, on se laisse d’abord affecter par cet événement. Si nous ne sommes pas touchés, nous résistons aux émotions difficiles, comme une rivière refoulée par un barrage. Nous perdons par le fait même l’opportunité d’accueillir les apprentissages qui sont possibles en traversant la situation difficile plutôt qu’en lui résistant. La résilience c’est comme la rivière qui suit son cours. Au même titre que la rivière se déverse éventuellement dans une étendue d’eau toujours plus grande, le processus de résilience permet d’accéder à un espace de croissance.
J’ai gardé un mythe important pour la fin. Le fameux « tout arrive pour une raison » qu’on entend si souvent. La rivière ne cherche pas à donner un sens aux intempéries. Ce n’est pas parce que l’adversité offre une possibilité de croissance qu’on doit trouver des explications à l’événement difficile ou qu’on doit démontrer de la gratitude à l’égard de cette situation qui nous aurait permis de grandir. Les deux peuvent co-exister : avoir préféré que la situation difficile ne se produise pas et en ressortir changé. Parfois, la simple reconnaissance que nous pouvons passer à travers des événements difficiles représente le seul et grand apprentissage.
Et maintenant?
La résilience peut être caractérisée de magie ordinaire, soit un phénomène beaucoup plus courant et naturel qu’on le pense, qui se produit sans que l’on ne lui porte toujours attention. Une chose est certaine, se mettre plus de pression à mieux se remettre sur pied peut générer l’effet inverse, soit un sentiment d’échec face à la difficulté à s’adapter. Misons davantage sur l’intersection entre la résilience et l’autocompassion et surtout, un rejet de la culture du positivisme toxique qui sert généralement à outre-passer les émotions dites négatives ou les moments difficiles de la vie. Maintenant que nous avons exploré ce que la résilience est et surtout ce qu’elle n’est pas, nous pourrons plonger dans ces fameux facteurs de protection. D’ici là, je vous propose l’exercice suivant : cessons de se souhaiter la résilience et mettons plutôt l’emphase sur la mise en place d’éléments qui nous aident à prendre soin de nous face aux torrents de la vie.