La tasse de café quotidienne (voire les 2 ou 3 tasses de café quotidiennes) est devenue une alliée précieuse dans un monde dans lequel nous assistons à une érosion des heures de sommeil. Par exemple, 24 % des québécois coupent dans leurs heures de sommeil pour faire plus de choses dans une journée (Ralentir, ASPQ, 2025). Résultat : Nos horaires épuisants nous enferment dans l’idée qu’un haut niveau de performance devrait soi-disant être invariable. Et figés dans cette idée, nous avons peu d’espace mental pour penser différemment notre mode de vie. Alors, on continue d’avancer, malgré tout, un café à la fois ! Les repas doivent être cuisinés, l’horaire du matin productif et les heures de travail fructueuses. Jour après jour, nous ressentons la pression d’être constamment alertes, allumés et à l’affût pour continuer d’accomplir immuablement notre routine.
Bref, le besoin fondamental de se reposer est tellement inéluctable qu’il nous prend tous et toutes par surprise après une longue journée de travail.
Mais retournons à nos cappuccinos ! Là où je veux en venir, c’est que la caféine est généralement perçue comme un synonyme de productivité, alors que d’autres outils qui ciblent directement la fatigue, comme la sieste, sont jugés comme chronophages.
Pourquoi on est fatigués même après un café?
Un des facteurs qui détermine notre rythme de sommeil (rythme circadien) est une substance chimique nommée l’adénosine. Elle commence à s’accumuler doucement dès qu’on ouvre les yeux, et atteint un sommet lorsque nous paupières lourdes nous supplient d’aller nous coucher. C’est ce qu’on appelle la pression du sommeil. Et plus la journée avance, plus la pression monte et la fatigue s’installe.
Mais revenons à l’essentiel de cet article invisible pour nos yeux exténués ; la caféine. Elle bloque temporairement les récepteurs de l’adénosine, ce qui nous permet de nous sentir réveillés et de masquer artificiellement des signaux de la fatigue, comme la difficulté à emmagasiner de l’information, à prendre des décisions et à avoir l’air enthousiastes au travail. En d’autres mots, le café, même s’il nous permet un regain d’énergie, ne pallie pas au manque de sommeil. Il n’est finalement qu’un bouclier momentané qui nous protège des attaques épuisantes du tyrannique quotidien.
En résumé, un café peut nous aider à faire face à une journée surchargée, mais ne nous recharge pas. Je vous invite à relire cette phrase.
Le café-sieste : une alliance (pas si) inattendue
Ce que la science nous dit, c’est que la caféine commence à faire effet environ 20 à 30 minutes après son ingestion. Et savez-vous ce qui prend également entre 20 et 30 minutes pour être optimal ? *Faux roulement de tambour* La sieste, vous aurez deviné sans surprise !
Malgré l’envie omniprésente qui me tiraille de vous décourager de pousser vos limites lorsque vous avez simplement besoin de vous reposer, je crois qu’il y a là une parfaite synchronicité qu’on aurait tort de bouder. Le café et la sieste peuvent, sans équivoque, nous offrir une pause doublement efficace, à condition d’être bien agencés. Mais comment créer cet accord parfait ? Concrètement, la tendance du café-sieste nous propose de prendre un espresso juste avant de s’assoupir pour une micro-sieste de 20 minutes.
Il est important de savoir que je ne parle pas ici de siroter son café filtre pendant plusieurs minutes, puisque l’effet ne serait pas le même. Je parle plutôt d’ingérer rapidement la dose de caféine juste avant de s’installer dans son divan favori pour fermer les yeux quelques minutes. On peut alors bénéficier des bienfaits de la caféine ET du sommeil réparateur de la sieste à notre réveil.
Bien utilisée, cette alliance peut transformer vos baisses d’énergie en second souffle. Encore faut-il bien la doser sans compromettre votre nuit de sommeil…
Essayer cette microsieste guidée avec votre prochain café!
Un mot d’avertissement : Évitez cette pratique en fin d’après-midi si vous avez de la difficulté à laisser Morphée s’emparer de vous en fin de soirée.
Réflexions finales après une journée chargée et caféinée
Peut-être est-il temps de reconstruire notre rapport à la productivité, à l’argent, à la performance et à notre rythme de vie pour ne plus la subir. Le temps après les heures de travail devrait être pour la vie. Encore faut-il ne pas être complètement amorphe et épuisé le temps venu. Des outils comme le café-sieste, repenser sa relation avec la fatigue, la pratique d’une micro-sieste guidée et les temps blancs dans notre horaire peuvent être de fidèles compagnons de route dans cette odyssée vers la redécouverte du bonheur de vivre avec énergie.
Dans une société obsédée par la croissance, ne nous laissons emporter par le culte de la productivité constante. C’est un puits sans fond, vaste et noir, dans lequel on peut s’engouffrer indéfiniment. Je conçois que les responsabilités sont multiples dans notre société moderne et la charge mentale des tâches du quotidien parfois accablante, mais il ne faut pas s’y perdre. Nous sommes les seuls à pouvoir revendiquer notre droit de s’arrêter pour se régénérer. Personne ne le fera à notre place. Surtout dans un monde dans lequel on valorise le fait d’avoir un agenda occupé.
Il est temps de refuser de s’épuiser et de créer un monde dans lequel nous prenons des décisions en étant plus reposés pour avoir envie de mordre dans la vie avec appétit.
Sur ce, je vous laisse siroter vos dernières goutte de café post-lecture avec cette citation tirée de l’un de mes romans utopiques favoris sur la place du travail dans nos vies :
‹‹ Ne plus être un robot allant travailler, s’usant la semaine pour dépenser son fric une fois le week-end venu […] on ne rattrape rien en dépensant l’argent qu’on a gagné en étant privé de sa vie. C’est déjà trop tard. On n’a qu’une vie : celle que vous êtes en train de vivre, là, aujourd’hui, maintenant. ›› – Hadrien Kleint, La paresse pour tous.
