Extrait du livre Nature & Ayurveda, publié aux Éditions de l’Homme
Déjà, il y a 5000 ans, l’ayurveda , cette sagesse ancestrale considérée comme la branche médicale du yoga, nous rappelait que la surstimulation des sens et le manque de connexion avec la nature étaient une porte d’entrée à la maladie. Et ce, avant l’arrivée de l’électricité, de Facebook, d’Instagram, de la voiture et des villes centres d’achats poussant sur nos plus belles terres agricoles! Notre mode de vie surchargé et l’urbanisation des 100 dernières années nous ont amenés, bien peu subtilement, à nous déconnecter des cycles naturels contrôlant notre biologie.
L’humain n’est pas un hibou! Comme le reste des habitants de cette planète, il est régi par des cycles naturels : les cycles circadiens (24 heures), la nuit et le jour, le rythme des saisons, les cycles lunaires et planétaires, sans oublier les cycles hormonaux. Chacune de nos molécules est influencée par la température, la sécheresse ou l’humidité de l’air ambiant, les vents et les longues pluies. Au mois de novembre, nous ressentons tous le manque de luminosité et les nuits qui s’allongent. Dans la nature, tout ralentit et entre en dormance. Et nous, à cette période-là, au lieu de ralentir, avons tendance à accélérer la cadence pour préparer les fêtes de fin d’année, tout en gardant la même routine de sommeil!
De plus en plus, on entend parler de la chronobiologie, science qui s’intéresse aux rythmes biologiques, à leur importance sur notre santé et aux facteurs pouvant les perturber. Selon les spécialistes, il existe trois catégories de rythmes :
- les rythmes ultradiens, ceux de moins de 24 heures, dont le rythme cardiaque par exemple (même s’il se répète plusieurs fois en une minute);
- les rythmes circadiens, soit les rythmes biologiques se déroulant globalement sur un cycle de 24 heures. On y catégorise les variations de températures corporelles, les cycles du sommeil ou même le taux de pousse des cheveux;
- les rythmes infradiens, qui sont des cycles de plus de 24 heures, par exemple le cycle menstruel qui recommence tous les mois.
Les recherches sur les différents rythmes biologiques permettent d’expliquer en partie l’insomnie, les effets physiologiques des décalages horaires ou même certains facteurs pouvant influencer la dépression.
Variation de l’activité biologique selon les heures du jour :
2 h 00 → Le sommeil est à son niveau le plus profond.
3 h 00 → La réparation cellulaire de la peau est à son sommet.
4 h 30 → La température corporelle est à son plus bas niveau.
5 h 30 → La sécrétion de cortisol (qui prépare le corps au lever) et la sécrétion d’insuline (qui prépare le corps au repas du matin) sont à leur niveau maximal.
7 h 30 → La sécrétion de mélatonine (l’« hormone du sommeil ») cesse.
8 h 30 → Les mouvements intestinaux se font plus fréquents.
10 h 00 → Le niveau de concentration est plus élevé et les pensées sont plus claires.
14 h 00 → La coordination est à son niveau maximal.
15 h 00 → Le corps est le mieux disposé pour une petite sieste.
16 h 00-17 h 00 → La respiration est plus profonde, la force musculaire et la flexibilité sont maximales; c’est le bon moment pour s’adonner à la plupart des sports.
18 h 00 → Le goût est plus développé.
18 h 30 → La pression artérielle est à son niveau le plus élevé.
18 h 30-20 h 00 → L’organisme affiche une meilleure tolérance à l’alcool.
19 h 00 → La température corporelle est à son niveau le plus élevé.
21 h 00 → La sécrétion de mélatonine augmente.
Vivre au rythme de la nature (sans écran ni tablette)
Avant l’arrivée de l’électricité, le soleil étant alors la principale source de lumière, les gens vivaient leurs soirées en majorité dans la pénombre, à la lueur de lampes à huile ou de bougies. De nos jours, tout est illuminé : nos chambres à coucher, nos maisons et nos villes entières. Non seulement les écrans de télé ont envahi nos salles de séjour, mais les ordinateurs, les tablettes, les téléphones intelligents et les autres appareils électroniques accompagnent nos journées et, évidemment, nos soirées. Bien que cela puisse sembler anodin, ce bouleversement technologique vient troubler l’équilibre délicat de la relation entre l’humain, avec ses rythmes biologiques, et la luminosité naturelle. Les écrans, qui dégagent une lumière bleue artificielle, affectent négativement la production de la mélatonine, l’hormone du sommeil naturellement sécrétée pour nous aider à glisser dans les bras de Morphée.
Le Dr Charles Czeisler, professeur à l’Université Harvard, spécialiste des rythmes circadiens et des troubles du sommeil, a démontré dans une de ses recherches que la lumière du jour maintient l’horloge interne d’une personne en synchronicité avec son environnement. De plus, plusieurs spécialistes parlent d’un lien possible entre l’exposition à la lumière durant la nuit et les risques de développer des maladies comme le cancer, le diabète, les maladies cardiaques et l’obésité.
Selon une étude publiée en 2013 dans la revue scientifique Current Biology, il est heureusement possible de « resynchroniser » la sécrétion de la mélatonine avec la lumière naturelle en quelques jours seulement, et ainsi d’améliorer son sommeil. Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont soumis les participants à une « expérience de camping » : ces derniers étaient exposés uniquement à la lumière du jour et à celle d’un feu de camp le soir. Aucune lampe de poche et aucun gadget électronique n’étaient permis. Malgré la différence dans les habitudes de vie des membres du groupe, donc indépendamment du fait qu’un individu se définissait comme un oiseau de nuit ou un autre comme un lève-tôt, la resynchronisation du biorythme intérieur de chacun s’est effectuée en très peu de temps.
Les résultats de cette recherche sont probants : une semaine a suffi pour devancer de deux heures le moment où le corps commence à sécréter de la mélatonine, un changement de rythme interne qui est lié au rythme du soleil. Aussi, les chercheurs ont remarqué que les participants à cette étude avaient tendance à se coucher une heure plus tôt et à se lever une heure plus tôt en camping, comparativement à leur mode de vie habituel.
Bref, l’étude a démontré que la physiologie s’accorde avec les cycles de luminosité et que la lumière artificielle intervient bel et bien dans nos cycles d’éveil et de sommeil. La bonne nouvelle à retenir de cette étude, c’est que seulement sept jours sont nécessaires pour rééquilibrer nos rythmes intérieurs lorsque nous recréons le lien avec la nature et que nous laissons les écrans de côté.
Se reconnecter à sa véritable nature grâce à l’ayurveda
L’ayurveda est un art de vivre, une invitation à créer de l’espace dans sa vie pour prendre soin de soi et se connaître davantage; c’est une incitation à renouer avec la nature et notre propre nature. L’ayurveda nous propose de vivre dans une pleine conscience de ce qui nous fait du bien (ou non), au rythme des saisons. Il nous encourage à adapter notre mode de vie selon notre constitution physique et psychologique unique, influencée par la présence des cinq éléments et leurs caractéristiques. L’ayurveda favorise le partage des connaissances et valorise l’autonomie, la prise de pouvoir personnelle de chacun afin qu’il puisse prendre en main sa santé globale. Selon cette médecine, la joie, la paix, l’amour et l’harmonie sont l’essence de l’être humain; par de petits gestes simples au quotidien, il est possible de cultiver sa vitalité et de retrouver cet état d’être naturel. Liant la tête, le cœur, le corps et l’esprit, l’ayurveda nous rappelle qu’il est important d’apaiser les turbulences émotionnelles et de mettre notre mental au repos. Pour cela, il suggère des enseignements de « rituels bien-être » quotidiens, incluant la méditation et le yoga, et met en lumière l’importance des plantes et des épices dans notre alimentation. Cultiver l’équilibre et nourrir notre vitalité, dans toutes les sphères de notre vie, est un processus continu. C’est un choix qui se renouvelle d’un matin à l’autre, d’une saison à l’autre, d’une année à l’autre, d’une pensée à l’autre, d’une respiration à l’autre, d’un petit geste à l’autre. Je vous propose donc chaque jour de créer de l’espace pour prendre soin de vous, parce que si vous ne le faites pas, personne ne le fera à votre place!
5 trucs pour rebalancer l’élément feu (Pitta)
La belle saison porte bien son nom. L’été fait du bien, ravive et nous offre la possibilité de stimuler à profusion la production de vitamine D avec le soleil radieux qui nous réchauffe si généreusement. Selon la philosophie ayurvédique, l’été est aussi la saison Pitta. Petit rappel concernant le dosha (constitution physique unique) Pitta : il s’agit de la combinaison de deux éléments, l’eau et le feu, ce dernier étant très présent. Qui dit symbolique du feu dit feu digestif, inflammation, réactivité, irritation, force et vivacité. Selon la philosophie de l’ayurveda (la branche médicale du yoga), il y a toujours une accumulation des propriétés d’une saison à la fin de celle-ci. Par exemple, à la fin de l’hiver, le corps devient plus froid et sec. À la fin du printemps, le corps est plus enclin à la congestion. Et à la fin de l’été, le corps sera plus enclin à surchauffer ou s’assécher, d’où l’importance de se créer un rituel bien être pour apaiser le feu (Pitta).
Signes d’un débalancement Pitta :
- Irritabilité et impatience
- Brûlements d’estomac occasionnels
- Reflux gastriques
- Sensibilité à la chaleur
- Irritation/éruptions de la peau
- Difficultés à s’endormir
Nous proposons donc aujourd’hui un rituel d’été. ↓
5 actions simples pour rebalancer Pitta :
- Rester hydraté : Bien que ce conseil semble simple, beaucoup de gens ont tendance à oublier de s’hydrater lorsqu’ils font du sport, qu’ils se baignent, ou lorsqu’ils boivent une bière ou un jus frais. L’eau agit comme un régulateur de chaleur dans votre corps et empêche votre radiateur interne de surchauffer. Pour rendre le tout encore plus rafraîchissant et nettoyant, vous pouvez vous faire de l’eau citronnée, de l’eau au concombre, ou une infusion à base de coriandre, pissenlit ou menthe. Vous pouvez également ajouter des fraises biologiques à votre pichet d’eau.
- La nature là pour nous : La nature nous accompagne bien dans cette aventure saisonnière en nous offrant une belle variété de fruits et de légumes hydratants tout au long de la saison. Les fruits et les légumes frais sont naturellement rafraîchissants, nettoyants et nourrissants. Vous remarquerez que les étagères du marché se remplissent à craquer, et que nous nageons dans l’abondance. Priorisez les fruits et légumes de saison; ils sont souvent de provenance locale, ce qui est excellent pour notre empreinte carbonique. Parmi les plantes reconnues pour leurs propriétés super rafraîchissantes, il y a la menthe, la lavande, la coriandre, le brocoli, les petits pois verts frais, les courges d’été (comme les concombres et les zucchinis), la verdure (comme la laitue, les épinards et la roquette), les petits fruits, et le melon d’eau. Le melon d’eau d’été est extrêmement rafraîchissant, en plus d’offrir une belle variété de vitamines et minéraux (vitamine A, vitamine C, lycopène (aux propriétés antioxydantes), vitamine B6, vitamine B1, citrulline). Aussi, mangez le plus de fruits mûrs possible! Les fruits savoureux et léger remplaceront la nourriture épicée et les nourritures lourdes. Remplacez la viande qui accentue le feu par des légumineuses qui rafraîchissent, et ciblez le repas du midi comme repas principal de la journée. Après tout, c’est à cette heure (soleil du midi) que notre feu digestif est à sa pleine capacité!
- Les fleurs, un complément de fraîcheur : Certaines fleurs d’été peuvent être extrêmement rafraîchissantes. C’est le cas de la fleur de concombre, de la bourrache, de la capucine ou des hémérocalles. Vous pouvez ajouter quelques pétales dans une salade, ou une fleur de bourrache dans un cocktail de fin de journée aussi.
- Se donner le droit au repos : L’été est la saison pour s’arrêter et respirer à plein poumons la nature. Quelle bouffée nourrissante! Les heures d’ensoleillement sont généreuses alors prenez le temps à la fin de la journée, au coucher du soleil, de respirer, remercier, méditer sur ce qui est apaisant. Imaginez que vous êtes au centre d’un étang paisible; imaginez de l’eau pour apaiser votre feu! C’est le temps de se laisser bercer par le rythme de la nature.
- Consommer des plantes par la peau : Vous avez peut être déjà entendu l’expression « ce que l’on se met sur la peau doit pouvoir se manger ». L’été, avec le vent et le soleil, la peau a encore plus besoin d’être hydratée. Un rituel d’automassage avec une huile adapté au dosha Pitta est idéal pour réguler l’accumulation de chaleur, apaiser et rafraîchir. Une huile infusée de plantes rafraîchissantes peut aider à maintenir une élasticité de la peau, une belle hydratation, et est excellente à utiliser en après soleil.
L’été est abondance, chaleur, lumière et vitalité. Profitez-en bien et permettez-vous chaque jour de reconnecter.
Santé! la Vie!
Pour plus d’informations sur les huiles herbacées infusées de nos plantes du Québec, consultez le site d’Inspirata Nature.