La digestion est un sujet qui nous occupe bien souvent et pas toujours pour les raisons que l’on souhaite. Certains problèmes apparemment bénins comme les brûlements, les gaz et les distensions abdominales deviennent parfois un vrai casse-tête à gérer, et les maux digestifs peuvent réellement nous gâcher la vie.
Soulignons avant tout l’énorme impact de notre vécu et de nos émotions sur notre système digestif. Le stress, la frustration et la tristesse sont des émotions liées aux 3 doshas en ayurvéda, la médecine naturelle de l’Inde, une proche parente du yoga. C’est précisément de ce lien unissant la digestion aux émotions qu’il est question dans l’épisode bonus du podcast de Blond Story.
Pour connaître les concepts de base de l’ayurvéda et pour, justement, mieux comprendre les relations entre les différents problèmes digestifs et les émotions qui leur correspondent, référez-vous aux articles sur l’ayurvéda publiés précédemment sur le magazine :
- Introduction à l’ayurvéda – ou comment retrouver son chemin vers l’équilibre
- Équilibrer les trois doshas et la santé avec l’ayurvéda!
- Ayurvéda : on parle nature ou état ? (+ un quiz pour connaître votre constitution)
Voyons maintenant comment nous pouvons soigner nos malaises digestifs tout en profitant de l’occasion pour assainir nos habitudes de vie et en apprenant à connaître nos besoins particuliers.
Quand l’appétit va…
Pas assez ou trop d’appétit, il arrive que nous ayons toujours faim, ou alors jamais faim; que faire dans ces cas-là?
Commençons par le manque d’appétit et l’inventaire de ses causes possibles : trop plein de toxines, douleurs chroniques ou début de maladie comme la grippe ou la gastro-entérite, constipation, émotions fortes ou mal-être général, stress et consommation de boissons stimulantes, ralentissement métabolique soit à cause de la thyroïde ou d’un manque d’activités physiques, canicule intense ou diète trop riche en calories.
Demandez-vous quels sont les facteurs d’aggravation qui sont les plus susceptibles de vous correspondre, et tentez de les modifier en votre faveur.
Il y a les manques d’appétit de type vata : le stress qui prend au plexus et pousse à agir en état d’urgence, négligeant les besoins naturels. Un peu de repos + des températures et des saveurs qui réchauffent feront l’affaire. Attention à la caféine et à la théine qui stimulent les états d’alerte et épuisent les réserves d’énergie.
Les manques d’appétit kapha sont plutôt de l’ordre d’un ralentissement général du système : des repas et boissons chaudes, ainsi que des saveurs amères et piquantes seront de mise. Voyons en détail!
Découvrir l’amertume
Vous pouvez introduire des apéritifs au besoin comme les salades amères : roquette, endives, cressons, chicorée, radicchio et pissenlit. Apprenez à apprécier la saveur amère : si vous n’aimez pas ça, mangez-en tout de même quelques petites bouchées chaque jour et rapidement, vous vous habituerez, et peut-être même commencerez à aimer après quelques semaines. C’est normal, c’est une saveur qu’on apprend à apprécier. Votre foie vous en remerciera : il en a besoin pour optimiser son fonctionnement.
Parmi les produits naturels, je propose l’extrait de gentiane (environ 10-15 gouttes dans un peu d’eau, 15 minutes avant les repas), l’extrait d’aunée (20-30 gouttes dans l’eau, 15 minutes avant les repas) ou la décoction de graines de coriandre (1 c. à soupe de graines de coriandre bouillies 3 minutes dans une tasse d’eau, repos du mélange pendant 5 minutes avant de filtrer et de boire).
Les personnes pitta et kapha bénéficient grandement de la saveur amère et peuvent en manger à souhait tandis que pour vata, un peu suffira. Référez-vous au test ayurvédique publié sur le magazine pour apprendre à connaître les particularités de votre nature ayurvédique.
Les extraits liquides sont appelés « teintures » et ce sont des macérations concentrées de plantes dans l’alcool la plupart du temps. Quelques gouttes suffisent ensuite à nous procurer une dose et on la dilue dans un peu d’eau que l’on avale après avoir promené le liquide en bouche pour goûter la saveur amère et ainsi envoyer les bons signaux au cerveau qui va ensuite accélérer les processus digestifs.
Embrasser le piquant
D’autre part, on peut faire appel aux saveurs chaudes, voire piquantes pour activer la digestion et le métabolisme de tout l’organisme. Certains aliments piquants comme le poivre et le gingembre deviennent ensuite doux dans l’intestin, minimisant les irritations tout en réchauffant la digestion. En ayurvéda, le mélange trikatu combine le poivre long, le poivre noir et le gingembre séché en parts égales pour exploiter cet avantage. C’est excellent pour raviver la digestion et réchauffer vata, c’est encore mieux pour les états kapha de stagnation, lenteur digestive et léthargie.
Les piments forts sont très efficaces pour stimuler l’appétit et la digestion, mais nous devons surveiller que nos intestins ne soient pas affectés : ils peuvent provoquer facilement des inflammations et de la douleur, parfois même des ballonnements en excès. Mieux vaut les remplacer par des épices savoureuses, mais moins agressives sur les muqueuses : cannelle, muscade, graines de moutarde, origan, thym, etc.
L’ail, les oignons et autres alliacés peuvent nous servir ici pour aller chercher de la saveur piquante et activer la digestion. Plus ces aliments sont crus, plus ils sont efficaces, mais eux aussi irritent la muqueuse; prenez donc les mêmes précautions que pour les piments forts selon votre degré de tolérance.
Quand l’appétit s’emballe
À l’inverse, si votre appétit devient monstrueux, peut-être répondez-vous à vos émotions en mangeant plus que votre corps demande réellement? Il arrive aussi fréquemment que l’on manque de protéines ou qu’on les mange trop tard dans la journée. Celles-ci assurent la stabilité de notre glycémie dans les heures qui suivent un repas, après que nous ayons consommé et « brûlé » les glucides.
Si toutefois vous mangez suffisamment le matin, vous consommez des protéines et vous évitez de manger vos émotions, mais que l’appétit persiste, il est probable que vous deviez adresser une problématique plus large de type pitta en ayurvéda concernant vos émotions, votre mode de vie ou autre. Vous pouvez toujours boire de l’eau avant et pendant les repas le temps de régler cette question.
Il y a aussi une plante ayurvédique connue en Occident sous le nom latin Garcinia cambogia et qui a connu son heure de gloire parmi les produits de perte de poids. La garcinia fait ressentir la satiété plus vite, il équilibre la glycémie et diminue la conversion des glucides en graisses. Prenez une capsule 15 minutes avant les repas ou, en cas d’inconfort gastrique, 30 minutes après les repas. Choisissez une marque réputée, possiblement dans un magasin de produit naturel plutôt que sur Internet; la garcinia a fait l’objet d’une mode et qu’ainsi, plusieurs marques sont apparues sur le marché du jour au lendemain.
Ballonnements et flatulences
Les ballonnements peuvent être coriaces à éliminer, car ce sont les premiers symptômes vata à apparaître et donc aussi souvent le dernier à disparaître ! Un moindre dérèglement de la flore intestinale suffit à provoquer une variation sensible au niveau des métabolites des bactéries, ce qui provoque de l’inflammation, des gaz, des odeurs ainsi que des distensions inconfortables au ventre, voire des crampes. Bien sûr, des viscères aux prises avec des inconforts d’aérophagie augmenteront les douleurs liées aux crampes menstruelles.
Il est parfois nécessaire de limiter, voire éliminer les aliments gazogènes à commencer par les crucifères (choux, chou-fleur, kale, brocoli) et les légumineuses, surtout les grosses comme les pois chiches ou les fèves rouges, comparativement aux lentilles et fèves mung. Au besoin, prenez de l’alpha-galactosidase, un enzyme qui aide à digérer les légumineuses.
La cause des ballonnements est complexe et j’ai tenté de résumer le sujet dans cet article : Soulager gaz et ballonnements. Ici, je veux surtout en profiter pour vous parler d’un remède incontournable et plutôt agréable pour soulager les ballonnements et les gaz : les épices et les fines herbes! Quel bonheur qu’une grande partie de la solution réside dans la conception de plats et de boissons pleins de saveurs délicieuses!
Chaque épice, aromate et fine herbe contient des huiles essentielles qui empêchent ou dispersent la formation de gaz intestinaux en équilibrant la flore intestinale avec leurs effets antiseptiques. Soyez généreux avec les quantités et amusez-vous à les incorporer à votre alimentation en découvrant de nouvelles recettes.
Voici une idée des vertus de quelques différentes épices et aromates à notre portée :
– Asa-fœtida : aussi appelée hingu, elle stimule l’appétit tout en dispersant les gaz.
– Cannelle : bonne pour vata, lutte contre le Candida albicans, et réchauffe la digestion.
– Cardamome : disperse les gaz et les ballonnements, réveille doucement l’appétit.
– Coriandre : tridoshique, convient en grande quantité, superbe pour soigner pitta.
– Cumin : sans doute la meilleure épice contre les gaz et les ballonnements.
– Curcuma : hépatique, anti-inflammatoire et antibactérienne pour le système digestif.
– Fenouil : excellente épice contre les gaz et les ballonnements, plus douce que le cumin.
– Gingembre : très apéritif, digestif et doux pour l’intestin malgré sa saveur piquante.
– Muscade : en petite quantité, stimule l’appétit tout en tonifiant l’intestin contre la diarrhée.
Vous avez dit constipation?
Une bonne élimination est essentielle à la santé et mieux vaut ne pas manquer une journée pour aller à la selle. Bien souvent, les personnes constipées éprouvent de la sécheresse buccale et parfois aussi de la peau. Assurez-vous de bien vous hydrater non seulement en buvant de l’eau, mais aussi en consommant assez d’huile. Je recommande souvent une cuillère à soupe d’huile végétale au coucher et parfois une autre au lever pour les gens qui ont la bouche sèche et qui ne vont pas à la selle tous les jours. Pour en savoir plus, écoutez cet épisode de podcast publié précédemment sur Blond Story et qui détaille cette procédure souvent cruciale.
D’autres personnes auront le foie et/ou l’intestin paresseux, ce qui cause aussi de la constipation, mais d’une autre manière. Une fois les salades ou les plantes amères introduites pour encourager le foie (voir ci-haut), la formule ayurvédique triphala peut contribuer à dynamiser l’appareil digestif. Il s’agit d’un mélange de trois fruits médicinaux de l’Inde : amalaki, bibhitaki et haritaki, génial pour soigner pitta et kapha quant au système digestif.
En cas de constipation et pour tonifier le système digestif, utiliser la poudre de triphala préparée en infusion froide : 1 à 2 c. à thé dans 1 tasse d’eau, trempée pendant 8h à 12h; boire l’eau sans ingérer la poudre. Il est aussi possible de consommer entièrement la poudre de triphala ou de l’avaler en comprimé, à des dosages moindres, car alors plus laxatif, ainsi ½ à 1 c. à thé de poudre ou 1 à 2 comprimés suffiront. Les comprimés ont l’avantage de nous éviter son goût plutôt horrible. Prenez ces remèdes idéalement au coucher pour tenter d’aller à la selle le matin venu.
L’importance des fibres
Pour assurer un bon apport de cet incontournable pour la régularité digestive, tentez progressivement d’atteindre 20 à 30 g de fibres par jour. Certaines sont insolubles et d’autres solubles; certaines sont plus douces, d’autres, mieux tolérées par l’intestin. Elles stimulent et équilibrent la réabsorption de l’eau et du sodium dans l’intestin, donc affectent la texture des selles.
Pour vous supplémenter en fibre, vous pouvez aussi consommer du psyllium, un remède bien connu aussi en ayurvéda, utilisé autant en cas de diarrhée que de constipation. En revanche, il peut irriter certaines personnes dont l’intestin est très sensible.
Mieux vaut commencer avec ½ c. à thé de psyllium puis augmenter à 1 ou 2 c. à thé. Le ratio psyllium / eau dépend de notre état : 1 c. à thé pour ¾ de tasse d’eau tiède en cas de diarrhée, 1 tasse d’eau tiède en cas de selles molles, ou 2 tasses d’eau chaude en cas de constipation. En ayurvéda, on y ajoute une pincée de muscade en cas de diarrhée, surtout si les microbes et parasites prolifèrent.
Pour en finir avec les brûlements d’estomac!
Pour diminuer l’incidence des brûlements d’estomac, limitez les aliments acidifiants tels que l’alcool, les boissons gazeuses, le café, le thé, les fruits acides (les agrumes sauf le citron, l’ananas, la mangue, le kiwi, la canneberge), le sucre blanc ainsi que la tomate et ses sauces. Prenez garde, bien sûr, aux piments forts qui irritent le système digestif. Il existe par ailleurs des remèdes naturels très efficaces pour tenter d’éviter les antiacides chimiques et véritablement soigner la muqueuse de votre estomac :
- Orme rouge (Ulmus rubra) : Il s’agit d’une poudre de l’écorce d’un arbre, laquelle est douce et riche en fibres solubles. Prendre 1 c. à soupe avec 6 à 8 c. à soupe de compote de pommes non sucrée et boire 1 tasse d’eau ensuite, idéalement à jeun pour maximiser les effets. L’orme rouge apaise l’hyperacidité gastrique, calme les inflammations et répare les muqueuses.
- Réglisse déglycyrrhizinée (DGL) : Ce produit est disponible en gélules sur le marché et il soigne les ulcérations sans les contre-indications liées à la glycyrrhizine dans la réglisse qui augmente la pression sanguine. La « réglisse DGL » apaise l’inflammation de pitta et hydrate les tissus asséchés par vata; surveillez tout de même les interactions médicamenteuses. Utilisez-la selon la posologie indiquée.
Il y aurait encore tant à vous partager : la nature nous propose tout un univers d’aliments et de remèdes pour notre bien-être. Pour s’y retrouver, il faut simplement être à l’écoute de ce qui nous convient ou pas. Le bagage d’expériences humaines, modernes ou anciennes, est une source inestimable de connaissances qui nous aide à naviguer dans cette riche exploration de la vie, surtout lorsque nous sommes empêtrés, inconfortables ou souffrants. Il demeure possible de retrouver le confort digestif et de jouir de la vie!