On commence de plus en plus à entendre parler d’ayurvéda, particulièrement dans les écoles de yoga et quelques publications de santé naturelle. L’ayurvéda n’est certainement pas quelque chose de nouveau : cette « science de la vie », comme son nom l’indique, est le fruit de plus de 8000 ans d’expériences et de pratiques nous provenant du sous-continent indien.
En Occident, des personnalités connues ont popularisé cette approche, telles que Dr. Deepak Chopra, Dr. Oz, Oprah Winfrey et Steffi Graph, ex-championne de tennis et ambassadrice de l’ayurvéda au Kérala depuis 2015. Néanmoins, l’ayurvéda demeure méconnue du grand public, une situation qui ne va pas durer très longtemps à en juger une tendance de fond qui se fait sentir ces dernières années. Pourquoi ne pas s’attarder dès aujourd’hui à ce qu’est vraiment l’ayurvéda authentique et ce qu’on peut en retirer de significatif dans nos vies…
Qu’est-ce que l’ayurvéda ?
L’ayurvéda est une approche qui regroupe la majeure partie des pratiques thérapeutiques développées en Inde incluant la massothérapie, l’alimentation, les habitudes de vie, le yoga thérapeutique, l’herboristerie, les remèdes minéraux, la chirurgie, et plus encore. Presque tout ce que nous connaissons en médecine conventionnelle et alternative se retrouve parmi les pratiques ayurvédiques.
L’ayurvéda est subdivisé en huit branches :
- la médecine interne et la supplémentation;
- la chirurgie;
- l’O.R.L,
- la psychologie et la métaphysique,
- la toxicologie,
- la grossesse et la pédiatrie,
- la régénération,
- les toniques sexuels et aphrodisiaques.
Certaines pratiques plus mystérieuses ne figurent pas parmi cette classification comme les points vitaux (marma) et l’alchimie indienne.
Ce qui distingue l’ayurvéda, outre son expérience accumulée et compilée au fil de plusieurs millénaires, c’est sa manière de faire des liens entre nos états d’être et notre environnement, incluant nos habitudes de vie et notre alimentation. Grâce aux principes énoncés en ayurvéda, nous pouvons préciser l’origine et la nature de nos malaises afin d’en identifier les causes et les remèdes possibles.
Qu’est-ce que la santé selon l’ayurvéda ?
La santé en ayurvéda, c’est bien plus qu’une simple absence de maladies : c’est un état de bien-être et de bonheur total incluant le physique, l’émotif, le psychologique et le spirituel. L’être humain est une créature multidimensionnelle qui doit accomplir ses rêves et se réaliser pour être heureux et ainsi donner un sens à sa vie. À quoi bon être en santé si l’existence ne nous apporte aucun bonheur ?
Voilà pourquoi certaines personnes ne font pas attention à leur santé physique et vivent pourtant plus vieilles que d’autres ! Enfin, l’idéal est d’être aussi bien dans son corps que dans son cœur, son esprit et son âme ! Notez que grâce à une proposition de l’Inde, la définition ayurvédique de la santé a été adoptée mondialement par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1946. Elle est restée inchangée depuis :
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». (Source : OMS)
L’approche multifactorielle
Approche multifactorielle… voilà de bien grands mots pour exprimer le fait que nos états d’être et nos pathologies sont souvent issus de plusieurs facteurs combinés qui engendrent les déséquilibres de notre organisme. Nous cherchons souvent LA cause qui explique nos maladies alors que la réponse et les solutions se trouvent dans une accumulation de facteurs aggravants.
La santé et la maladie sont tels deux plateaux d’une même balance : les facteurs de santé font contrepoids aux facteurs de maladie… certains éléments sont plus lourds que d’autres dans cette balance.
Parfois les éléments de la santé sont plus influents que ceux de la maladie, parfois c’est l’inverse. Dans les deux cas, une certaine inertie règne et fait en sorte qu’on ne passe pas constamment d’un état de malaise à un état de bien-être. Plusieurs années de tabagisme et d’alcoolisme sont nécessaires pour détruire nos poumons ou notre foie. Au contraire, le simple fait de faire une heure d’exercice ou de croquer une feuille de salade ne peut renverser l’obésité ou une carence en minéraux dans l’organisme.
L’ayurvéda sert ici à identifier quels sont les facteurs nuisibles ou bénéfiques à notre santé et ce, à tous les niveaux. Grâce à ses principes, on s’assure de bien saisir tout ce qu’on peut faire pour améliorer notre état d’être, rétablir l’équilibre et vaincre les maladies.
L’ayurvéda est comme une boussole qui nous renseigne non seulement sur nos écarts (sommes-nous trop à l’Ouest ou au Sud ?) mais aussi sur les moyens de retrouver notre chemin vers le centre de notre équilibre.
Les trois doshas : principes inhérents à la vie
Les trois « doshas » sont aussi célèbres qu’incompris, car tous et chacun croit connaître leurs secrets alors que seule une observation aiguisée de la vie et de nos sensations peut révéler tous les liens qui s’y rattachent. Nommés vata, pitta et kapha, de quoi s’agit-il au juste lorsqu’on parle de doshas ?
Vata : le mouvement
Éléments : Air et Espace
Fonctions :
- Locomotion du corps
- Rythmes biologiques
- Influx nerveux
- Transport des molécules
- Curiosité
- Versatilité
Signes d’excès :
- Anxiété
- Douleurs
- Froid
- Sécheresse
- Tremblements
- Perte de poids
- Noirceur
Pitta : la transformation
Éléments : Feu et Eau
Fonctions :
- Digestion chimique
- Métabolisme
- Action des hormones
- Vision oculaire
- Désir, ambition
- Courage
Signes d’excès :
- Colère
- Brûlements
- Acidité
- Infections
- Diarrhée aigüe
- Fortes odeurs
- Rougeurs
Kapha : la préservation
Éléments : Eau et Terre
Fonctions :
- Constitution des cellules
- Maintient des tissus
- Système immunitaire
- Endurance
- Calme
- Appartenance
Signes d’excès :
- Tristesse
- Mucus
- Lourdeur
- Nausées
- Œdème
- Prise de poids
- Blancheur
À chacune des échelles de la vie, depuis la cellule jusqu’à l’Univers en passant par le corps humain, les trois doshas sont présents. Là où se trouvent l’existence et la vie, se trouvent les trois doshas. Lorsqu’ils sont en équilibre, tout va pour le mieux alors que leur déséquilibre engendre des symptômes et des maladies spécifiques selon les doshas affectés. Bonne nouvelle : on ne vit que des excès en ayurvéda, alors il n’y a que trois « directions » possibles à nos déséquilibres… cela rend le modèle ayurvédique très simple à comprendre et facile à appliquer à la base. En tout temps, nous cherchons donc à apaiser nos doshas en excès.
Les vingt gunas : la clé des trois doshas
La clef de l’ayurvéda, des trois doshas et de la vie (rien de moins !) réside dans la compréhension des vingt gunas… Rassurez-vous, vous êtes déjà très familièr(e)s avec ceux-ci… il s’agit de dix paires de qualités perceptibles par nos sens. C’est-à-dire que ces vingt « qualités » ou « propriétés » de l’existence forment le langage propre à nos perceptions de la vie :
- Chaud / Froid
- Sec / Onctueux
- Lourd / Léger
- Subtil / Grossier
- Mobile / Stable
- Doux / Rugueux
- Rapide / Lent
- Mou / Dur
- Solide / Liquide
- Clair / Visqueux
Pensez-y un moment : que connaissons-nous de la vie en dehors de nos perceptions ? C’est donc dire que tout est relatif… Cela nous mène directement aux fondements de la métaphysique Samkhya qui domine la pensée hindoue (et aussi Bouddhiste) quant à l’existence. C’est un sujet qui mérite d’être exploré dans un autre article.
La loi des contraires
La loi des contraires affirme qu’une qualité apaise ou neutralise son inverse : exemple le chaud qui neutralise le froid et vice-versa. Les gunas deviennent ainsi un outil puissant qui multiplie les liens de cause à effet et permet de prédire l’influence d’une foule de facteurs sur nos états d’être.
Pour y parvenir, il suffit d’identifier les caractéristiques d’un état d’être ou d’un symptôme. Par exemple, des éruptions cutanées rougeâtres peuvent être associées à la chaleur alors qu’un surplus de poids est associé à la lourdeur. Ensuite, il suffit de rechercher des qualités inverses, comme un gel d’aloès rafraîchissant pour la peau ou une diète faible en calorie pour apporter de la légèreté.
Autre point important : chaque dosha possède une série de gunas qui lui sont associés et ces qualités ont tendance à s’encourager les unes et les autres pour déséquilibrer leur dosha. Ainsi, le froid, le sec et le mobile associés à vata s’aggravent mutuellement et se combinent pour engendrer de la perte de poids et/ou augmenter les douleurs corporelles.
Les gunas associés à chaque doshas :
Vata
- Léger
- Froid
- Sec
- Rugueux
- Subtil
- Mobile
Pitta
- Léger
- Chaud
- Onctueux
- Rapide
- Liquide
- Fluide
Kapha
- Lourd
- Froid
- Onctueux
- Stable
- Lent
- Visqueux
La boussole ayurvédique nous permet de déterminer dans quel domaine se situent nos excès en associant nos symptômes aux doshas qui leur correspondent. On révèle ainsi quelles sont les qualités à encourager ou à éviter en fonctions des qualités, des gunas que possède chaque dosha. Ces qualités se retrouvent partout : dans le mode de vie (stable ou actif), l’alimentation (lourde ou légère), le climat (chaud ou froid) et ainsi de suite.
Soins holistiques et systémiques
Grâce aux trois doshas et aux gunas, l’ayurvéda nous permet de déterminer quels sont les facteurs aggravants et quelles sont les bonnes stratégies pour améliorer notre sort. La multiplication des différents niveaux où l’on applique ces recommandations permet une stratégie d’actions coordonnées, depuis notre vie sociale jusqu’aux plantes médicinales, en passant par les saveurs de la nourriture et les exercices que nous pratiquons.
L’ayurvéda facilite les soins holistiques et systémiques grâce à ces outils, ce qui augmente grandement l’efficacité des traitements. Que ce soit une alimentation spéciale, des soins d’ostéopathie ou des suppléments naturels, chaque thérapie est bonifiée si l’on ajoute d’autres éléments bénéfiques pour l’appuyer. À force d’additionner les actions positives, on finit par obtenir suffisamment de poids du côté du bien-être et à enlever assez de poids du côté de la maladie pour que la balance de la santé bascule en notre faveur.
C’est grâce à ces outils d’analyse branchés sur nos sensations que la médecine ayurvédique, ainsi que la médecine chinoise, ont un potentiel énorme pour développer des approches systémiques, multifactorielles et atteindre une efficacité inégalée dans le cas de thérapies « isolées ».
Ce n’est qu’un début… (+ 2 exercices en attendant la suite !)
L’ayurvéda est un bien grand sujet que j’aborde ici sommairement… Dans ce premier article servant de guide pour la suite, je vous partage plusieurs précisions nécessaires pour appliquer la « science de la vie ». Pour vous préparer aux prochains articles, je vous invite à compléter 2 exercices pour pratiquer les associations entre qualités (gunas) et doshas, ce qui aide à identifier les facteurs de bien-être ou de maladie. Ils vous seront utiles pour la suite de vos explorations et apprentissages ayurvédiques :
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Faites la liste des symptômes de vos malaises, problématiques et pathologies et tentez de les associer à un dosha : vatta, pitta ou kapha.
Par exemple, si vous avez de l’arthrite (une pathologie), vous observez sûrement des symptômes tels la douleur (associée à vata) et l’inflammation (associée à pitta).
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Relisez les listes de qualités (gunas) qui correspondent à chaque dosha.
Concrètement, fermez le yeux et remémorez-vous les sensations éveillées par chacune de ces qualités. Exemple : qu’est-ce que la légèreté évoque pour vous ? Comment vous ressentez le froid ? L’exercice consiste à est de connecter avec la mémoire de nos ses sensations, il se passe de mot.
Finalement, pour en savoir plus sur les bases de l’ayurvéda, visitez ces deux sections de mon site web :