Extrait du livre Nature & Ayurveda, publié aux Éditions de l’Homme
« Nous sommes la nature. Nous l’avons seulement oublié. »
– Krystine St-Laurent
Nous sommes la nature. Nous la portons en nous. Comme elle, nous sommes régis par des cycles intérieurs. Comme elle, nous suivons le rythme des heures, des jours et des nuits, des saisons et des cycles lunaires.
D’ailleurs, l’ayurveda, cette médecine que je me plais à appeler la « sagesse ancestrale », nomme le cycle hormonal de la femme le cycle lunaire. C’est beau, n’est-ce pas?
Nous dépendons de la nature et de son équilibre pour nous soigner, apaiser, nourrir et nous ressourcer. Pourtant, dans nos sociétés industrialisées, hypermodernes et branchées sur le Wi-Fi, entourés de béton et de matières synthétiques, de lumières artificielles et de fragrances, nous nous dénaturons peu à peu, et de façon très profonde. Nos sens sont surstimulés, nous vivons à un rythme accéléré et nous avons de la difficulté à nous déposer. Déjà, il y a 5000 ans, l’ayurveda ciblait la surstimulation des sens comme une porte d’entrée de la maladie…et ce, avant l’avènement des téléphones portables, des voitures et de l’électricité!
D’ailleurs, tous les habitants de cette planète ont un besoin criant d’apaisement et un immense besoin de reconnecter avec la nature de façon authentique, comme l’enseigne l’ayurveda depuis des milliers d’années.
Dépictée comme la branche médicale du yoga, liant la tête (le mental), le coeur (les émotions), le corps et l’esprit (l’âme), l’ayurveda enseigne, entre autres, que nous sommes faits des mêmes éléments que le reste de l’Univers (au fond, pourquoi serions-nous différents?)
Espace, Air, Feu, Eau et Terre sont présents en nous et tout autour de nous, à divers degrés, et ce, dès notre naissance, influençant notre corps physique et notre mental. Par exemple, un corps avec une dominance d’éléments Eau et Terre aura tendance à être plus lourd et ancré. Un esprit avec dominance Air et Espace aura tendance à être hyperactif si surstimulé.
Au niveau des saisons, le même scénario. Certains éléments sont en dominance. Par exemple, à la fin de l’hiver et au début du printemps, il y a une plus grande présence d’Eau et de Terre (Kapha); l’été, il y a une dominance de l’élément Feu (Pitta); et l’automne, une plus grande présence des éléments Air et Espace (Vata).
Aussi, chaque combinaison d’éléments possède ses caractéristiques. En voici quelques-unes :
- Vata: Froid, sec et venteux.
- Pitta: Chaud, lumineux et sec.
- Kapha: Humide, froid et lourd.
Et, point important pour bien saisir l’influence des saisons sur notre équilibre, c’est l’accumulation de certaines qualités qui nous mène vers un débalancement. Par exemple, pour une personne ayant un dosha à dominance Vata dans une saison Vata (l’automne = froid et sec), mangeant des aliments avec dominance Vata comme de la salade ou des légumineuses (c’est froid, sec et léger), il y a un risque de se débalancer plus facilement.
L’automne, la saison Vata
Surnommé le « roi des doshas » en raison de sa grande influence, et gouverné par les éléments Air et Espace, Vata représente le mouvement, le rythme, l’énergie vitale du corps et de l’esprit.
Vata s’exprime dans le corps physique par l’inspiration et l’expiration, la transmission des impulsions nerveuses et des stimuli, les mouvements musculaires, les battements cardiaques, la stimulation des sucs gastriques, les circulations sanguine et lymphatique, le péristaltisme (mouvement du système digestif), l’élimination, la déglutition, les règles (menstruation), l’accouchement, l’éjaculation, la sécrétion des larmes.
Sur le plan mental, Vata gouverne l’état de bien-être en général, les idées et la créativité. Il se manifeste par les pensées, la compréhension, la vision et l’imagination, les peurs, les insécurités et l’anxiété.
Quelques caractéristiques d’une personne à dominance Vata
La personne à dominance Vata est petite et délicate, et lorsque se présente un stress, elle a tendance à tomber dans l’anxiété. Si elle s’offre un café, elle ressent presque immédiatement les effets de la caféine. Impossible pour elle de penser en boire un deuxième. Elle semble pouvoir manger tout ce qu’elle désire sans prendre de poids additionnel. Par contre, il lui arrive de ressentir des ballonnements après avoir mangé, surtout lorsqu’elle consomme des aliments crus. Elle peut avoir de la difficulté à prendre du poids et perd des kilos sous l’influence du stress. Elle a souvent tendance à avoir les mains et les pieds froids, la peau sèche, les cheveux secs et les ongles cassants. Ayant tendance à avoir une digestion irrégulière, elle a un sommeil plutôt léger et peut souffrir d’insomnie. Elle est fière propriétaire d’un ou deux « hamsters » responsables de bavardage mental excessif.
Conseils pour apaiser Vata en période d’automne et au cours de l’hiver
Reconnaître les signes portant les empreintes d’un débalancement potentiel permet de faire des choix conscients et de réajuster en cours de route les rituels bien être pour apaiser, enraciner et réchauffer.
Voici quelques trucs pour s’enraciner, s’apaiser et se réchauffer lorsque Vata est en état de déséquilibre :
- Maintenir une routine de vie, avec des habitudes bien ancrées (méditation, yoga ou autre activité plus calme);
- S’offrir un temps de silence et de repos durant la journée, par exemple 5 minutes à chaque heure;
- Prendre une longue douche ou un bain le matin pour s’apaiser avant de démarrer la journée;
- Réduire les stimuli (au niveau des yeux, du nez et des oreilles);
- Prêter attention à l’hydratation quotidienne, boire suffisamment d’eau;
- En saison froide, réduire de façon significative les boissons froides;
- Créer de l’espace pour obtenir un sommeil suffisamment réparateur;
- S’offrir un repas en silence durant la journée;
- Prioriser les soupes et les potages chauds;
- Pratiquer l’automassage quotidien avec une huile adaptée à Vata;
- Éviter l’alcool et le café;
- S’offrir des moments de calme et de douceur;
- Pratiquer la respiration de l’abeille lorsque l’on ressent une surstimulation des sens (voir ci-dessous les détails de la respiration de l’abeille).
[La respiration de l’abeille :
Excellent pour relâcher le stress, l’agitation et la frustration ainsi que pour apaiser l’esprit, c’est un exercice facile et utile, tant pour les enfants que les adultes.
- À l’aide de vos pouces, bouchez vos oreilles.
- Les yeux fermés, inspirez profondément par le nez et, en expirant, relâchez votre souffle en faisant le son « mmmmm ». Le son de votre expiration, rappelant, le bourdonnement d’une abeille, résonnera dans votre tête.
- Répétez cette respiration 3 ou 4 fois, ou même davantage.]
Observer, connecter, faire des choix conscients et ne pas oublier de se créer l’espace pour prendre soin de soi sont des clés d’importance capitale pour se maintenir en équilibre… car si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place!
P.S.: Pour plus de trucs sur comment adapter le corps et l’esprit aux saisons plus froides, il y a aussi l’article de Jonathan Léger-Raymond : 7 trucs pour se préparer aux saisons froides selon l’ayurvéda!