Cet article sur les changements de saisons s’inscrit dans la foulée de nos articles sur la santé naturelle et sur l’ayurvéda, une ancienne science de la santé, pleine de sagesse, de gros bon sens, et un héritage de nos ancêtres, qui nous provient de l’Inde.
Au besoin, pour comprendre les concepts ayurvédiques, référez-vous à ces trois articles de base qui servent d’introduction à la science de l’ayurvéda exclusivement pour les lectrices de Blond Story :
- Introduction à l’ayurvéda : retrouver son chemin vers l’équilibre;
- Ayurvéda, on parle nature ou état + quiz pour trouver votre constitution;
- Équilibrer les trois doshas et la santé avec l’ayurvéda.
L’ayurvéda nous aide à affronter l’hiver
Les changements de saisons peuvent se révéler plus difficiles que prévu, et rien n’est plus redoutable dans l’hémisphère nord que l’hiver avec son lot de noirceur et de froidure. Avec l’arrivée des premiers jours de froids et des jours qui raccourcissent, le corps s’ajuste et se réhabitue, ce qui lui demande de l’énergie.
Nous pouvons faciliter ce processus d’une part, en nous protégeant du froid, et d’autre part, en s’activant et en s’exposant aux éléments pour permettre à cette adaptation d’avoir lieu, avant que les jours encore plus froids nous forcent la main. Les plantes, les aliments et les huiles sont nos alliés tandis que notre rythme de vie s’ajuste.
Voyons comment nous pouvons utiliser les principes de l’ayurvéda pour faire face à ces épreuves…tout en maintenant le ménage, la cuisine, les rénovations, le yoga, les cours danse et le « rush » au bureau. Bref, que doit-on savoir pour ne pas encore finir lessivé(e) à la mi-décembre malgré nos bonnes intentions?
Se protéger du froid et accuser le coup
Les gens des pays nordiques sont habitués à n’avoir que 4-5 mois de température relativement chaude après quoi ils doivent se couvrir et se tenir au chaud. Nous avons donc l’habitude d’attendre le plus longtemps possible avant d’allumer le chauffage, encouragés par nos ambitions écolos. Ou alors, nous nous promenons en manches courtes dès que les premières gouttes ruissellent sur la neige fondante au printemps.
Protégez-vous! Dès les premiers jours froids, montez le chauffage, portez des vêtements douillets, prenez un bain chaud, huilez votre peau, faites-vous une soupe ou buvez une tisane.
Ce n’est pas en janvier que le froid vous surprendra, c’est en septembre et en mai. Quelle température tolérez-vous en février dans votre maison ? Et au printemps? Et à l’automne?
L’ayurvéda consiste à opposer le chaud au froid, et la clarté à la noirceur. Ainsi, nous devons profiter de la lumière du jour, nous lever de bonne heure, nous coucher tôt, faire des activités physiques pour compenser la léthargie que le froid et le manque de soleil encouragent.
Prenons garde à la sécheresse tout de suite
À cet égard, n’oublions pas la sécheresse générée par nos systèmes de chauffage électrique!
Appliquez des huiles biologiques sur votre peau. Ne tolérez aucun produit chimique asséchant (comprenez-vous la liste des ingrédients de votre crème?). L’huile de sésame et de lin sont plus réchauffantes et elles sont assez grasses; à utiliser avec parcimonie après chaque douche pour une hydratation quotidienne.
Les huiles aromatisées d’huiles essentielles comme le romarin, la lavande, l’eucalyptus et autres odeurs camphrées contribueront à vous réchauffer tout en hydratant votre peau. L’ayurvéda a prévu des mélanges « pour vata » et « pour kapha » qui conviennent bien aux saisons froides.
Si cela est insuffisant, appliquez une quantité généreuse d’huile de sésame sur l’ensemble du corps, de façon à saturer la peau. À la chaleur, massez-vous pendant au moins 10-15 minutes pour faire pénétrer l’huile dans votre chair, attendez un peu plus, méditez un brin, puis allez sous la douche l’enlever à l’aide de savon.
Un savonnage et demi (mettez un peu plus d’énergie au niveau du bas des jambes et du creux du dos qui seront encore un peu gras), possiblement deux et demi dans certains cas et vous serez débarrassée de l’excédent d’huile. Conservez-en une fine couche qui aura tôt fait d’être absorbée par votre peau. Cette technique permet de réhydrater les peaux les plus sèches si répétée chaque semaine, voire chaque jour.
L’huile ne bouche pas les pores comme le veut la croyance populaire; trop d’huile encombre la peau, or c’est plutôt les émulsifiants des crèmes ainsi que la saleté qui bouchent les pores, ce que nous devons enlever mécaniquement avec un gant exfoliant plutôt que de savonner et d’assécher inutilement la peau.
Conservez l’équilibre de vata et de kapha
N’attendez pas que la texture de votre peau ressemble à un mur de gypse avant sa couche de peinture : agissez dès les premiers jours du froid, car l’ayurvéda nous enseigne que le froid encourage le sec qui encourage le sombre. Le trio de la sécheresse, du froid et de la noirceur amplifie le dosha vata, ce qui affecte surtout les personnes de cette nature ou ayant un déséquilibre de type vata. De plus, tous changements (ici de saison) feront une pression additionnelle sur vata.
Néanmoins, le froid et la noirceur peuvent aussi affecter kapha et le rendre léthargique, ou faire monter des émotions de tristesse à l’arrivée de l’automne. Cette tristesse est aggravée par une tendance à l’insécurité qui sera accrue alors que le froid et les changements affectent aussi vata qui est sujet à des émotions de peur. Ainsi, l’arrivée de l’automne et de l’hiver peut être synonyme de dépression assurée pour certaines personnes.
Voyez les articles introductifs mentionnés en début d’article pour en savoir plus au sujet des doshas, de vata et de kapha.
Et l’alimentation dans tout ça?
Qui dit santé naturelle et changement de saison dit alimentation, cela va de soi. En ayurvéda, on applique les mêmes recommandations à l’alimentation qu’au reste de notre vie, c’est-à-dire qu’on se réchauffe avec des saveurs, on s’hydrate avec des bons corps gras, et on boit de l’eau chaude et des tisanes.
Questionnez-vous à savoir si vous avez envie d’une soupe ou d’une salade crue! Ne vous en faites pas de manger trop ou pas assez cru, en autant que vous « le sentez ». Et si vous ne « sentez » plus rien, faites vos légumes 80 % cuits et 20 % crus jusqu’à ce que le cœur vous en dise, que ce soit la semaine prochaine, l’été prochain ou même en vacances dans le Sud à Noël.
L’ayurvéda nous apprend que l’hydratation n’est pas seulement en fonction de l’eau que l’on boit, mais aussi des corps gras (qu’on absorbe, qu’on consomme). L’organisme demande plus de corps gras par temps froid et encore davantage si l’air est sec, ce qui est souvent le cas en Occident à cause du chauffage électrique. J’ai déjà expérimenté un chauffage à l’eau à l’ancienne, et je vous jure que ça fait toute la différence du monde sur la peau en hiver !
L’importance de l’huile et des corps gras
Donc, nos corps gras, on les obtient dans les sauces à salade, les potages, les avocats, les noix, les œufs, la viande, le fromage etc. Si vous ne mangez pas beaucoup de ces aliments, assurez-vous d’arroser vos aliments généreusement d’huile végétale. Le froid sera compensé par une production de chaleur par nos cellules (agni, le feu métabolique en ayurvéda); ainsi, un apport calorique plus important que l’été est nécessaire.
Si vous ressentez néanmoins de la sécheresse buccale ou que vous éprouvez de la constipation, prenez 1 cuillère à soupe d’huile au coucher et possiblement aussi au lever si votre bouche est sèche à ce moment. Commencez à petites doses ou dans de l’eau chaude si ça vous dégoûte, mais faites-le à jeun, au lever ou au coucher; cette huile servira à hydrater vos muqueuses plutôt qu’à être absorbée. Notez ici que la quantité totale ingérée est mineure comparativement à l’alimentation.
Attention toutefois, si vous êtes de ceux qui ressentent de la lourdeur après les repas, qui ont des nausées, qui mangent trop, qui ont des inflammations chroniques, des éruptions cutanées, des diarrhées ou autres troubles digestifs moindrement sérieux vous pourriez aggraver votre état si vous consommez trop d’huile. Il faut alors nettoyer votre système et régulariser votre digestion avant de pouvoir les métaboliser correctement.
Tirez parti des plantes médicinales
Les plantes nous ont accompagnées durant des millénaires et ce n’est que ces derniers 100 ans que leur usage populaire a décliné sévèrement. Nous avons oublié nos usages et nous ne faisons plus appel aux plantes pour nous soutenir. Le mieux est de consulter les spécialistes en la matière, les herboristes qui préservent le savoir de nos ancêtres et qui nous enseignerons l’usage des plantes spécifiques à nos besoins.
En Occident, le raifort, la cayenne, le romarin, le thym et l’origan sont connus pour nous réchauffer et figurent dans nos recettes. L’astragale est moins connue, mais sa racine donne du cœur au ventre et s’intègre bien à l’alimentation.
De l’Orient, on retrouve le gingembre (dont on fait une confiture délicieuse chez Espace Ayurvéda), le galanga, le poivre de Sichuan, et bien sûr le curry thaï et indien dont il ne faut pas abuser à cause des piments forts parfois trop brûlants pour être bénéfiques.
Essayez cette décoction de romarin et de gingembre pour en profiter :
– 1 c. à soupe de romarin, frais ou séché
– 1 c. à thé de gingembre frais, coupé en petits morceaux et écrasé grossièrement avec le plat du couteau
– ½ c. à thé de miel
– 300 ml d’eau
Faites simplement bouillir le romarin et le gingembre dans une casserole pendant 2 minutes, puis éteignez le feu et laissez infuser au moins 10 minutes. Ajoutez le miel au moment de servir seulement, directement dans la tasse, pour ne pas le chauffer. Vous verrez comment vous serez dynamisé par le romarin qui augmente l’apport de sang au cerveau et par le gingembre qui éliminera les débuts d’infection à la gorge.
Augmentez votre énergie vitale et activez votre métabolisme!
Pour faire face au temps froid, il vaut mieux s’activer davantage physiquement, surtout pour pallier les déséquilibres kapha comme le mucus et les faiblesses immunitaires. Aussi, la chaleur d’un entraînement apaisera vata et kapha. Pourtant, il faut aussi nous reposer adéquatement. Qu’arrive-t-il si nos batteries sont à plat et qu’on n’arrive pas à se motiver?
Nous devons à tout prix préserver un rythme de vie que l’on peut maintenir sans trop se fatiguer sinon, au changement de saison, tout fout le camp. On a besoin d’un minimum de repos et de s’extirper de nos sources de stress du quotidien régulièrement, ou alors rien ne va plus. Parfois aussi, il ne faut pas se demander si l’on a l’énergie ou l’envie pour une activité physique, il faut juste se forcer à y aller au moins un peu… alors que d’autres en revanche devrons ralentir le rythme s’ils s’entraînent à haute intensité.
Les plantes dites « adaptogènes » (rasayana en ayurvéda) comme l’ashwagandha, l’astragale, le basilic sacré, le rhodiola et plusieurs autres encore, peuvent nous être utiles pour régénérer notre énergie et vous aider à reprendre le dessus. Consultez l’avis d’un spécialiste en privé ou dans une boutique pour choisir un adaptogène et un dosage qui vous convient personnellement. Les adaptogènes ont leurs particularités et l’on peut avoir des effets secondaires d’excès de chaleurs et de colères dans certains cas, dépendamment des plantes utilisées et des personnes concernées.
Cette chronique vous a plu? Poursuivez votre apprentissage ayurvédique avec les chroniques mentionnées au début de cet article ainsi que celui-ci destiné à la préparation à l’hiver.