Cet article a été rédigé par Mélissa Fortin, naturopathe et professeur de yoga.

Il y a quelques années, je me revois dans ma cuisine, à ouvrir les armoires à la recherche d’un petit quelque chose. Ce n’était pas vraiment la faim. C’était plus sournois : un vide à combler, une tension à apaiser, un besoin doudou dans une journée trop pleine. Une émotion que je ne savais pas nommer, mais que je tentais de faire taire avec un carré de chocolat… ou dix.
Cette scène, je sais que je ne suis pas la seule à l’avoir vécue. Combien de femmes, chaque jour, se retrouvent à manger non pas pour nourrir leur corps, mais pour calmer un trop-plein ? Trop de fatigue, trop de pression, trop de silence ou trop de bruit intérieur. On parle alors d’alimentation émotionnelle un réflexe humain, mais qui, répété sans conscience, peut devenir une vraie prison.
Quand la nourriture devient une échappatoire
Manger pour se réconforter, ce n’est pas un problème en soi. C’est humain, normal, parfois même salvateur. Mais quand cette stratégie devient automatique, quand elle s’installe comme unique réponse au stress, à la tristesse, à l’ennui ou même à la joie, elle peut nous éloigner de nous-mêmes.
J’ai accompagné tant de femmes qui se sont perdues dans ce cycle : la culpabilité après les excès, la promesse de se restreindre le lendemain, puis la rechute… et ainsi de suite. Derrière ces comportements, il y a rarement un manque de volonté. Il y a surtout un trop-plein d’émotions non exprimées, et un grand besoin d’écoute une écoute douce, sans jugement.
Retrouver l’équilibre, un pas à la fois
Ce que j’ai découvert à travers mon chemin personnel, puis en tant que naturopathe, technicienne en diététique et professeure de yoga, c’est que la solution ne réside pas dans un autre régime ou dans le contrôle. Elle se trouve plutôt dans l’accueil.
Accueillir ses émotions. Accueillir ses envies. Apprendre à les comprendre, sans s’y identifier.
Les outils qui m’ont le plus aidée et que je partage aujourd’hui avec les femmes que j’accompagne sont simples, mais puissants :
• Une respiration consciente, pour revenir dans le corps quand la tête s’emballe.
• Quelques postures de yoga restaurateur, pour apaiser le système nerveux.
• Un journal, pour déposer ce qui pèse avant de le compenser par la nourriture.
• Et parfois, une infusion de camomille ou de lavande, pour apaiser le cœur.
Chaque petit geste est une façon de se rappeler qu’on a le droit de ralentir. Le droit de se nourrir autrement. Chaque petit geste est une façon de se rappeler qu’on a le droit de ralentir. Le droit de se nourrir autrement.
Ces pratiques permettent d’apprendre à ressentir et à gérer nos émotions autrement qu’avec la nourriture, favorisant ainsi une relation plus équilibrée. Et c’est vraiment la constance, même dans les petites choses, qui fait toute la différence au fil du temps. La clé demeure la régularité dans la pratique, même imparfaite.
Et si on apprenait à reconnaître ce qu’on ressent vraiment ?
Un jour, une cliente m’a confié : « Je ne sais même plus ce que je ressens… je suis tellement perdue. » Ces mots m’ont profondément touchée. Ils rappellent à quel point il est urgent de créer des espaces où les femmes peuvent simplement déposer leurs émotions, sans jugement ni attentes. Des espaces où on ne parle pas de poids, de calories ou de performance… mais de ressenti, de rythme, de douceur.
On a grandi avec l’idée qu’il fallait se contrôler, se restreindre, se corriger. Et si on essayait autre chose ?
Et si on décidait, collectivement, de faire la paix avec la nourriture… et avec nous-mêmes ?
Une invitation à l’amour de soi
Aujourd’hui, je ne prétends pas avoir toutes les réponses. Mais je sais qu’il est possible de transformer sa relation à la nourriture en chemin vers l’amour de soi. Je l’ai fait, et je le vois chaque semaine dans les yeux des femmes que j’accompagne.
Alors si vous vous reconnaissez dans ces lignes, sachez que vous n’êtes pas seule. La vie est trop courte pour ne pas être savourée pleinement, pour ne pas accueillir chaque émotion, les écouter et les vivre avec douceur. Il existe d’autres façons de vivre, de manger, de ressentir et il n’est jamais trop tard pour commencer ce voyage vers soi, rempli de joie, de liberté et d’authenticité.